Depuis sa création, Artetvia vous a présenté des sites et des monuments dont l’intérêt artistique est indéniable (sinon, ils n’auraient pas été choisis, évidemment…) et dont l’histoire est souvent mouvementée.
Saint Lunaire
Partons aujourd’hui à la découverte d’un « site historique »… en construction ! Non, ce n’est pas Guédelon et son éternel chantier, non ce n’est pas l’Hermione qui parcourt les mers. Nous partons au contraire au cœur de la Bretagne, dans la vallée des saints (sans mauvais jeu de mots).
Le lieu est situé à Carnoët, à quelques kilomètres de Carhaix et des gorges du Corong, autrement dit au milieu de la Bretagne, dans cet Argoat quelque peu délaissé par le tourisme et la vie économique, dans un paysage très vert, délicatement mamelonné, parsemé d’un tumulus, d’une motte féodale, d’une chapelle gothique pointant vers le ciel, d’une fontaine sacrée et d’une dentelle de sentiers. Le site s’ancre vraiment dans une histoire !
L’idée vient d’un homme, Philippe Abjean, suffisamment fou pour avoir de tels projets, suffisamment sage pour les mener à bien. C’est lui qui a ressuscité il y a vingt ans le Tro Breizh, pèlerinage reliant les sept villes des sept saints fondateurs de la Bretagne : Corentin, Pol Aurélien, Tugdual, Brieuc, Malo, Samson et Patern. En 2008, il fait émerger une autre intuition.
Qu’elle est-elle ? Il s’agit de présenter au public une collection de 1 000 statues monumentales de saints bretons, le tout dans un parc de 40 hectares. Vous avez bien lu, 1 000 grandes statues, en gros granit breton.
Saint Conogan
C’est un projet très ambitieux, placé entre le témoignage de foi, l’affirmation de la culture bretonne, la revitalisation rurale, le soutien à la filière du granit et l’éclosion de talents artistiques.
Nul n’est pressé, le matériau choisi est solide, les sculpteurs nombreux, le lieu quasi immuable. Les 50 premières sculptures sont d’ores et déjà mises en place, financées par des mécènes ou des souscriptions. Plusieurs communes de la région se sont déjà offert « leur » saint patron. Chacun d’entre eux est représenté avec son attribut : saint Lunaire et son épée princière, saint Cornély transformant ses ennemis en menhir, Sainte Gwenn et… ses trois seins car reconnue pour sa fécondité ! Vous pouvez vous aussi participer au financement de la statue de Servan, Riwal, Marzin, Fiacre ou Coulit et de centaines d’autres.
Saint Herbot
L’intérêt est aussi de faire travailler différents sculpteurs, ce qui donne un évident camaïeu de styles, parfois fort étonnants, de temps en temps pas très heureux il faut le reconnaître. D’une manière générale, les statues sont massives, les traits rugueux, un peu à l’image de l’environnement. En même temps, il faut qu’ils résistent aux intempéries et au temps.
Saint Lunaire, saint Tugdual ou saint Samson auraient pu clairement se trouver sur l’île de Pâques ou chez les Olmèques, saint Hervé ou saint Patrick dans une église des années 1930, saint Thuriau à Beaubourg. Sainte Anne est plus classique tout comme saint Idi ou sainte Coupaïa (ah oui, vous cherchez un prénom original ? Vous avez le choix : Derrien, Caduan, Herbot, Telo…). Le hiératisme des statues de Seenu Shanmugam vient s’opposer aux traits très épurés de Jacques Dumas. La douceur du ciseau de Patrice le Guen contraste avec la puissance de Philippe Leost.
Les statues sont posées à même le sol, sans chichi, ni écriteau, un peu comme des mégalithes posés pour l’éternité. Certains ont même parlé de « Stonehenge du XXIe siècle », christianisé celui-là !
C’est une œuvre originale et puissante que je vous invite donc à visiter et pourquoi pas à encourager.
http://www.lavalleedessaints.com
Saint Malo
Saint Konan – Regardez la taille de la bête ! C’est monumental