L'automobiliste, tout pendant qu'il est à l'arrêt, est un être correct, civilisé, flegmatique. Voyez-le sur le périph, sur l'autoroute, bloqué dans les embouteillages. Il vaque placidement à ses minuscules occupations. C'est un gentil bovidé.
Lâchons-lui un peu la bride pour voir en quel animal empressé il se transforme. Chaque dixième de sconde où on l'importune, le ralentit devient un drame personnel. Ne pas se trouver sur son chemin sous peine d'essuyer vociférations, éructations, klaxonnades et autres volées de jurons.
C'est un bipolaire donc. Tantôt zen et courtois, tantôt prédateur sanguinaire. Le fait de conduire doit se situer dans une ancienne zone de chasse de nos cerveaux reptiliens, je ne vois pas d'autre explication.
Au feu rouge, t'es un humaniste désintéressé. A feu vert t'est un trader monomanique et impitoyable.