Nicolas Godin – Widerstehe Doch Der Sünde (remixes)

Publié le 15 octobre 2015 par Le Limonadier @LeLimonadier

Pour ceux qui n’écoutent France Culture qu’irrégulièrement, ou qui ne lisent pas Télérama en faisant caca, Nicolas Godin (la moitié discrète du duo le plus aimé des gens de bon goûts qui font caca en lisant la presse musicale : AIR) a sorti un premier album solo mi-septembre. Dans le dénommé Contrepoint, l’artiste a pris pour point de départ des œuvres de Jean Sebastien Bach, pour en remodeler les partitions à sa sauce et divaguer entre les genres musicaux.

L’album, écoutable dans son intégralité par ici, est même un des meilleurs de cette rentrée. En gardant comme ligne de mire une expérience musicale assez jouissive, son interprétation mêle classicisme, virtuosité technique et légèreté pop. Brassant bossa nova, soft rock, spoken word, rock psyché, et pop bien sur, il s’écoute avec grand plaisir tout en étant surprenant. Une musique clairement pensée, une démarche intéressante et une esthétique très cinématographique, bref, on pourrait en parler longuement, mais il faudrait pour cela que vous nous lisiez en faisant caca (on s’excuse mais jamais deux sans trois comme on dit).

En préambule de l’album, Nicolas Godin a sorti au mois de septembre le single Widerstehe Doch Der Sünde”, accompagné de trois remix. Et c’est bizarrement ces quatre titres que l’on écoute en boucle depuis. Le cœur ayant ses raisons que blablabli blablablou, on a donc choisi de vous en parler d’avantage que l’album.

Déja, Widerstehe Doch Der Sünde” (et son clip de l’été le plus dark du monde) est notre morceau préféré de Contrepoint. Une ballade rock répétitive et entêtante, doucement triste, chantée en allemand par Thomas Mars de Phoenix, et Dorothée de Koon. On y revient sans se lasser, surtout pour ces petits moments délicieux où l’on entend un synthétiseur se mêler aux cordes :

Quand le disque de Nicolas Godin s’amuse à jouer avec les entremêlas mélodiques complexes du Maître de façon (obligatoirement) cérébrale, les trois remix, eux, se basent tous sur une mise en valeur de l’énergie douce amère du morceau, portant aux nues sa mélancolie (pourtant assez discrète). Et c’est en cela qu’ils réussissent à former une œuvre complète – ce qui est assez rare dans le cas de remixes d’un même titre, précisons le.

Commençons par celui de l’anglais Lapalux (petit protégé de Flying Lotus), qui réussi ici une belle envolée electronica tintée de trip hop, aux nappes riche en textures vaporeuses, comme des vagues de chaleur. Le rythme est un peu déconstruit, un peu off beat, et les voix des deux chanteurs sont utilisées parfaitement :

Le deuxième remix est quant à lui un peu plus étonnant. En effet, il est réalisé par le prolifique Justin K Broadrick, le mec derrière (entre autres) le groupe de métal industriel ultra culte Godflesh, mais aussi le projet solo ultra cute Jesu. C’est d’ailleurs à la musique de Jesu que renvoie sa réinterprétation. Doom rock répétant les riff de guitares acérés comme des nappes electroniques, il est de loin le morceau avec des grosses guitares le plus émotif qu’il nous a été donné d’écouter depuis un moment (le dernier album de Jesu, en fait). Il faut aimer bien sûr, mais sa façon directe et honnête de foncer dans la mélancolie la plus pure, et la plus dure en quelque sorte, est une chose que l’on a toujours aimé chez ce mec.

Le point d’orgue du titre reste le pont, où, en plein milieu du morceau, le cœur germanique samplé retentit :

C’est le jeune producteur irlandais Mmoths qui propose un dernier remix, au son très The Fieldien. Répétition jusqu’à l’infini de quelques motifs sonores extraits du morceau initial, pour en reconstruire petit à petit la ligne mélodique. On conclut donc par une ambient fantomatique qui ne fait qu’avancer, des bribes de rythmiques qui s’étouffent comme bouquet final un peu fané :

Extra Cadeau Bonus Cours d’Histoire de la Musique : le morceau original de tonton Bach, car, on le rappelle pour ceux qui ne lisent que les fins d’article (waw tu existes ! bisous), les morceaux de l’album de Nicolas Godin sont des réinventions complètement libres d’œuvres de Bach. Et puis, quand une mélodie est vraiment belle, c’est déjà dur de s’en séparer, mais quand plusieurs s’entremêlent, alors là, on peut vraiment y passer du temps…

JeanCalin

Jean Calin est un jeune citadin bien de son temps, rédac chef et chroniqueur de musique calme au Limonadier, il aime jouer à des jeux vidéo violents en écoutant du Rn’B émotionnel.
Mon Cocktail Préféré :
Le litron de mojito trop sucré dans un pichet bien collant

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