Stations (entre les lignes)

Publié le 14 octobre 2015 par Lorraine De Chezlo
de Jane Sautière
Journal - 130 pages
Editions Verticales - mai 2015
Pendant longtemps, l'auteur a couché par écrit ses impressions, ses observations glanées pendant ses trajets, ces moments où l'on se retrouve face à soi, face aux autres, où l'on éloigne le regard quand on se sent trop proche des autres. Des notes des touches, des instants, entre les stations qui ponctuent les trajets, entre les lignes du métro qui s'entrecroisent, entre les pensées qui s'évadent… Une connaissance de la banlieue, de l'est parisien, de l'univers carcéral, et toujours ces liaisons quotidiennes, contraintes acceptées, et mises en mots.
Rarement je n'avais lu un texte aussi précis, si proche de l'intimité et des sensations ressenties par les usagers des transports en commun, les voyageurs de routine qui comblent le temps et l'ennui par des rêveries mais qui malgré eux acquièrent un sens aigu de l'observation du détail, des vitesses des gouttelettes de pluie perlant sur les vitres du RER, des regards des voisins tactiles imposés, des bruits (grincements, sifflements) qui nous font reconnaître à l'aveugle les stations, les odeurs de souffre de certains couloirs…
Extrait :
"METRO Bruits du métro : sifflements, raclements, battements, hurlements, cliquettements, mugissements, martèlements, grincements, sonneries annonçant la fermeture des portes et, sur certaines lignes, annonces du nom des stations. A l'intérieur, les téléphones portables, les mendiants (musiciens ou non), quelques conversations.La station apparaît comme une oasis au bout du segment de tunnel. On regarde quand même par la fenêtre (le mot apparait inapproprié), on y voit surtout des reflets, nos visages et ceux des autres qu'il est alors possible de contempler sans vergogne. Souvent aussi, une aspiration vers l'hypnose des fils qui courent le long du tunnel, quelques chiffres, (…)"
Dans une très belle langue, un français en totale maîtrise qui donne corps à d'infinis détails, le texte a résonné dans mes souvenirs de parisienne. J'ai préféré les deux derniers tiers du livre, après l'évocation des déménagements qui ont jalonnés la vie et l'enfance de la narratrice, quand elle nous replonge dans ses transports, dans nos transports, communs et si personnels à la fois.
L'avis de Christine Sallès - OnLaLuL'avis de Charybde 2 - Charybde27
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