L’anomalie a été réparée. Depuis 2011, il existe une école hors contrat d’inspiration chrétienne à Versailles. Oui, aussi étonnant que cela puisse paraître dans cette ville réputée pour sa population traditionnellement bourgeoise et catholique, jusqu’avant cette date, les familles versaillaises n’avaient d’autres choix que de parcourir de nombreux kilomètres pour échapper aux établissements sous contrat avec l’Éducation nationale. Cette école porte le nom de Saint Joseph des Lys.
Comme souvent avec ce type d’établissement, ce sont des familles qui en sont à l’origine. Quatre, plus précisément, comme nous l’explique le trésorier de l’école, Olivier Bertaux : «Nous étions quatre familles amies qui se connaissaient car nous fréquentions la même église. Au vu de l’absence d’offre dans l’univers du hors contratà Versailles, nous avons décidé de fonder la nôtre». Si elle est d’inspiration catholique – tous les élèves sont de cette confession –, ce n’est pas une école de curés. « Elle ne dépend pas d’une congrégation », poursuit Olivier Bertaux. « Nous avons un prêtre, celui de notre paroisse, mais son influence n’est que spirituelle ».
Alors, quand il fallut s’agrandir, les parents ont décidé de s’y prendre très tôt. Ils ont pu dénicher des locaux correspondant en tout point à ce qu’ils cherchaient et qui appartenaient à un entrepreneur en bâtiment. La Providence fut de leur côté… D’autres locaux, juste en face, sont ensuite devenus disponibles leur permettant d’y créer le collège. Des investisseurs sont intervenus pour acquérir les deux bâtiments et les louer à l’associa- tion qui gère l’école.
Un collège de filles en projet
En revanche, à ces tarifs et en raison de la petite taille de l’établissement, il n’y a pas de cantine. L’école est uniquement un externat. Néanmoins, sa fréquentation est de plus en plus importante. Plusieurs familles qui, auparavant, envoyaient leurs enfants à Saint-Cloud, au Pecq ou toute autre ville proche disposant d’une école hors contrat, les inscrivent, désormais, à Versailles. Plus surprenant encore, et cela montre l’importance de l’attente pour une telle offre, certaines familles choisissent même leur lieu d’habitation en fonction de la proximité avec l’établissement.
S’agissant de familles traditionnellement nombreuses, un tarif dégressif a été mis en place. Ainsi, si l’une d’elles inscrit quatre enfants, la scolarité du quatrième est presque « offerte ». Car, à Saint Joseph des Lys, pas question de refuser une inscription : « Nous avons un principe: on ne refuse pas une famille pour des raisons financières. Des bourses existent pour les familles en difficulté, comme l’AES, le MCF… » précise Olivier Bertaux. Tant que les finances ne sont pas en péril et que les donateurs se montrent toujours aussi généreux, ce modèle perdurera. En revanche, le trésorier avance une idée : « La dégressivité des tarifs devrait être l’affaire de tous. Il faudrait mettre en place une structure regroupant toutes les écoles hors contrat et gérer, à cet échelon, cette question. Bien sûr, l’idée n’est pas de faire payer à une seule institution la scolarité des moins démunis ».
En attendant, à la rentrée 2015, l’école versaillaise compte 200 élèves. Et l’équipe dirigeante ne compte pas s’arrêter là. Prochain projet, presque un défi : l’ouverture d’un collège pour les filles.
Nicolas Julhiet
Le site internet de l’école – collège : www.stjosephdeslys.fr
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Deux écoles hors contrat et hors normes
Créée et financée par Xavier Niel, dirigeant d’Illiad (Free), l’École 42, située dans le XVIIe arrondissement de Paris, est une institution au caractère peu commun. Pas de diplôme requis à l’entrée – ni délivré à la sortie ! –, pas de professeurs et, surtout, une gratuité totale. Proposant aux élèves de devenir des cracks en informatique, l’établissement attire les foules : 70 000 candidats en 2013, 50 000 en 2014. Un autre entrepreneur, Laurent de La Clergerie, fondateur du groupe de e-commerce LDLC, a lancé à la rentrée son école, elle aussi dans l’informatique. Plus structurée que l’École 42, dans le sens où les élèves ne sont pas totalement autonomes, l’École LDLC est aussi payante : 2 000 euros par an, environ. Une somme raisonnable en comparaison de ses concurrentes qui affichent, souvent, un ticket d’entrée trois à quatre fois plus cher. N. J.