Grâce à Hubble qui observe chaque année Jupiter, les planétologues peuvent suivre les changements qui apparaissent dans sa haute atmosphère au fil de son orbite autour du Soleil. Les dernières images réalisées avec le télescope spatial signalent la présence de délicates et rares structures en forme de vague et confirment, par ailleurs, le rétrécissement de la Grande Tache Rouge.
Dans le cadre du programme Outer Planet Atmospheres Legacy visant à tirer le portrait des planètes du Système solaire externe (Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune) à intervalle régulier, en l’occurrence chaque année, afin de mettre à la disposition des astronomes présent et futurs des données à long terme sur les changements dans les atmosphères qu’arborent ces planètes géantes, la Nasa vient de rendre public celui de Jupiter, le dernier en date réalisé par le télescope spatial Hubble.
Les deux cartes assemblées par l’équipe de la planétologue Amy Simon (GSFC, Nasa) montrent la plus grosse planète de notre Système solaire au début et à la fin d’une rotation complète (10 heures). De cette façon, les chercheurs ont pu évaluer la vitesse des vents dans les couches supérieures de Jupiter et traquer d’éventuels changements importants. Dans leur examen attentif de ce monde gazeux, ils ont mis en évidence deux phénomènes encore jamais observés jusqu’à présent. Enfin presque…
10 heures se sont écoulées entre les deux cartes, soit une rotation complète de Jupiter. Ces images prises avec la WFC3 (Wide Field Camera 3) d’Hubble en janvier 2015 témoignent des perturbations observées dans son atmosphère. Des planétologues ont remarqué des structures en forme de vagues à 16° de latitude nord et des filaments ballottés au sein de la Grande Tache Rouge — Téléchargez chacune des deux cartes ici et ici (1,8 et 1,9 Mb)
Voyager 2Le second phénomène en revanche est une véritable surprise, car encore jamais remarqué auparavant. Il concerne la fameuse Grande Tache Rouge (Great Red Spot) de Jupiter qui ces derniers temps a tendance à s’éclaircir et à passer à l’orange. En son sein, les chercheurs ont ainsi remarqué la présence d’un mince filament qui, poussé par les vents soufflant à plus de 540 km/h, tourne et se déforme tel un filet de lait touillé dans une marmite. L’ensemble prend une coloration plus claire, moins intense que ce qui est observé habituellement.
En outre, connue depuis au moins trois siècles, celle qui fut une vaste tempête ovale caractéristique de notre Jupiter continue encore de rétrécir. Cette tendance, déjà évoquée et qui remonte aux années 1930, se poursuit. Toutefois, avec un changement dans le rythme : l’équipe a en effet noté un ralentissement de cet amaigrissement. En un an, la Grande Tache Rouge a tout de même perdu 240 km en largeur (passant de plus de 40.000 km dans sa plus grande longueur vers 1880 à environ 22.500 km aujourd’hui).
« La valeur à long terme du programme Opal [Outer Planet Atmospheres Legacy, NDLR] est vraiment très excitante, rappelle Michael H. Wong (université de Californie, Berkeley) qui a participé à ces recherches publiées dans The Astrophysical Journal. La collection de cartes que nous allons mettre en place n’aidera pas seulement les scientifiques à comprendre les atmosphères de nos planètes géantes, mais aussi celles des planètes qui ont été découvertes autour d’autres étoiles, celle de la Terre et aussi ses océans ».