Ouverture Festival lumière 2015 : le cinéma français en avant toute!!

Par Filou49 @blog_bazart
14 octobre 2015

  

En assistant  lundi soir à la cérémonie d’ouverture de la 7ème édition du Festival Lumière,  je me suis vaguement demandé,  si pour mon compte rendu, je n’allais pas faire un simple lien sur celui de la 5ème édition à laquelle j’avais assisté en 2013 -mais bon en même temps, j'aime tant taper sur mon clavier que je n'ai pas réussi à me résoudre à cette facilité.

       Si j'ai eu ce sentiment, c'est que,  comme j’avais hélas raté celle de 2014 mettant « Bonnie and Clyde » et le cinéma américain à l’honneur, j’ai éprouvé, reconnaissons le une légère impression d’une petite redite sur ces deux éditions 2013-2015:  même impression de voir tout de très haut des gradins- et pourtant j’étais arrivé plus  tôt cette année- , même émotion ressentie devant la standing ovation consacrée à Jean Paul Belmondo une nouvelle fois invité à cette cérémonie d’ouverture, même hommage au cinéma français du patrimoine à travers le film choisi et le discours de présentation, et aussi plus étonnamment même petit court métrage sur l’association Les toiles enchantées, joli film sur cette association oh combien méritoire.

   Il faut dire cependant en toute objectivité que revoir ce court métrage avait du sens puisque l’acteur qui prêtait sa voix à ce film n’est autre que Vincent Lindon, comédien d’honneur de cette soirée d’ouverture, et ce, quelques mois à peine après sa consécration comme meilleur acteur lors du dernier Festival de Cannes.

       Vincent Lindon put ainsi mesurer à l'occasion de son intervention, pour l'hommage mérité que Frémeaux avait voulu lui rendre, que sa cote de popularité etait assez énorme auprès d’un public qui semblait être particulièrement sensible- comme le jury cannois- au charisme du bonhomme.

Un public visiblement prêt à tout lui pardonner, même d’avoir, dès les premiers instants de son intervention, dévoilé l’identité de la "Fin du jour", le film surprise projeté en fin de soirée, alors même que Thierry Frémeaux n’avait pas ménagé ses efforts pour cultiver l’effet de surprise.

 Il est vrai que pas mal de cinéphiles-dont moi-avaient espéré ardemment que ce film surprise soit un film totalement inédit, voire une avant première d'un film d'un des invités présents, comme c'était le cas pour The artist en 2011, et parier sur un film d'avant guerre en noir et blanc était assez risqué- et vu le nombre de personnes s'étant enfuis dans l'ombre juste avant le générique laissait entendre que le pari n'était pas réussi à 100%-  

Mais en même temps, le choix de Frémeaux est son équipe répond reconnaissons le à une vraie logique et une vraie cohérence. En effet, on peut dire qu'une des grandes missions de ce Festival Lumière est quand même avant tout de réhabiliter auprès du plus grand nombre des cinéastes pas forcément reconnus à leur juste valeur- Verneuil ou Sautet les autres années, Duvivier cette année-  et Duvivier, cinéaste particulièrement respecté dans les années 1930 qui sombrera dans un vrai mépris après guerre méritait certainement cette consécration populaire, presque un demi siècle après sa disparition, en 1967…

Personnellement j’avais entendu parler de Duvivier dès mon enfance, car mon meilleur ami de l’époque n’était autre que son petit fils, et si l’homme n’était pas d’après ses dires des plus agréables, cela m’avait évidemment donné envie d’en savoir plus dès ma prime jeunesse sur son œuvre cinématographique.

      

  Si cette "fin du jour", un très maitrisé et assez pessimiste huis clos à l’intérieur d’une maison de retraite où cohabitent des comédiens de théâtre qui ressassent leurs rancœurs et leurs gloires passées, n’est sans doute pas (de l’aveu même de Vincent Lindon lors de sa présentation) le meilleur film du réalisateur de "Pépé le Moko" ou "la belle équipe", voir ce long métrage sur un écran immense dans une belle copie restaurée par Pathé valait assurément le coup d’œil…

Et surtout en voyant ce film,- d'ailleurs vraiment magnifiquement restauré par les studios Pathé- rempli d’acteurs très populaires de l’époque, de Michel Simon, qui offre ici un épatant numéro de cabotinage toute voile dehors, à Louis Juvet  en passant par Victor Francen, on comprenait tout à fait la filiation évidente avec la génération d’acteurs actuelles dont Vincent Lindon est sans doute la fer de lance, un des rares comédies d’aujourd’hui à la fois exigeant dans ses choix artistiques et très populaire auprès du public.

Car à travers Duvivier, Lindon et Bebel ( une très belle anecdote le concernant fut d'ailleurs racontée par Vincent Lindon qui voue une admiration sans borne pour l'acteur), c'est tout un pan du cinéma fançais sur près d'un sicèle que cette cérémonie d'ouverture a pris soin de célébrer, et tant pis pour les autres horizons cinématographiques, ils  seront fétés à d'autres occasions cette année, notamment à travers le Prix Lumière.

Quant au reste de la soirée, elle fut sans doute moins dense et remplie de moins de ferveur que les précédentes auxquelles j'avais pu assister -l’absence de Bertrand Tavernier convalescent (même si parfaitement imité par un Laurent Gerra en grande forme) ou d’une grande star américaine y était sans doute pour quelque chose, mais elle dévoila quand même quelques jolies surprises, comme seul Thierry Frémeaux sait les préparer…

Ainsi les vidéos à John Lasseter, le patron de Pixar que peu de gens semblaient avoir reconnus dans le public lorsqu’on le vit arriver sur écran géant, ou à Lindon prouvaient si besoin était le savoir faire de l’équipe du Festival pour confectionner ce genre d’hommages.

Parmi les autres surprises de la soirée, si celle de voir Frémeaux se muer en ambassadeur de l’EURO 2016 en poussant des spectateurs à venir sur scène pour shooter des ballons en direction du public était réelle mais certainement un poil dispensable, la plus belle de la soirée fut incontestablement celle de voir des images de la sortie des  Usines Frères Lumières émise par un cinématographe de l’époque, et une surprise qui rentra parfaitement dans le cadre des 120 ans de l'invention du cinéma ( à cette occasion on put constater grâce à un petit micro trottoir réalisé à Lyon que malheureusement bien peu de gens connaissent la flimographie des Frères Lumières)…

Même si cette projection n’a pas dépassé la minute, le silence religieux dans une assistance qu’on sentait  totalement ébahie prouvait une fois encore le pouvoir magique du cinéma, combien l’existence de ce Festival Lumière était précieux, et combien j'ai eu envie de dire en sortant de la Halle Tony Garnier alors qu'il était presque minuit combien j'aimais le Festival Lumière….