On l’avait complètement oublié mais celui qui s’est tapé, pendant presque deux ans, le premier maroquin de France existe toujours et il entend bien le faire savoir, entre deux révisions de son vieux combi Volkswagen incompatible avec la norme Euro5 : Jean-Marc Ayrault revient sur le devant de la scène politico-médiatique en déposant au projet de budget un amendement qui va bousculer du chaton mignon.
Et cette fois-ci, ce sera une brique de plus pour sa Réforme Fiscale De Quand Il Sera Premier Ministre (à nouveau). Bien sûr, plutôt que travailler de façon plus ou moins concertée avec le gouvernement en aidant les sbires de Bercy à établir un budget à la fois rigoureux, honnête et réalisable ce qui placerait immédiatement la France dans une dimension parallèle où les licornes font des prouts à paillettes, le brave Jean-Marc a choisi d’en passer plutôt par un amendement qu’il a donc déposé avec 130 de ses collègues (là encore, l’avantage d’avancer groupé est d’éviter les risques personnels en diluant sa responsabilité de fouteur de merde de frondeur de vieil éléphant cherchant la lumière des caméras).
Mais au fait, que propose notre sémillante épave ministérielle retournée à sa tranquille députation ?
Eh bien… Eh bien je vous invite à prendre une bonne respiration ici, parce qu’en pratique, l’amendement déposé suggère une nouvelle « réunification » de l’imposition pour la rendre – je cite – « plus simple, plus claire et plus juste », en rassemblant l’impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée (CSG) dans un – je cite toujours – « impôt citoyen sur le revenu », qui aurait – je cite encore – « une composante familiale et une composante individuelle », et là, vous pouvez reprendre vos esprits.
Oui, c’est une véritable tempête de facepalm qui s’empare du contribuable lucide qui découvre cette nouvelle mesure.
Ensuite, toute la bonne volonté du monde ne pourra effacer le véritable outrage à l’intelligence qui consiste à affubler un impôt du sobriquet « citoyen » pour croire le rendre immédiatement plus légitime ou, seulement, sympathique.
Bref, si on peut en rire au début, toute réflexion un peu poussée entraîne immédiatement un douloureux retour sur Terre.
En réalité, on assiste encore une fois à un nouvel avatar de la doctrine des sociaux-démocrates qui consiste à collectiviser tout ce qu’ils touchent. De droite comme de gauche, ils ont déjà passablement poussé le pays dans l’ornière avec leurs abrutissantes débilités depuis maintenant plus de 40 ans, mais son état général pourtant inquiétant et ses finances exsangues ne suffisent pas à remettre en cause leur mode de fonctionnement et leur solution ultime à tous les problèmes : l’impôt.
La sécurité sociale n’arrive pas à équilibrer ses budgets parce qu’il n’y a plus qu’un lointain rapport entre ceux qui cotisent et ceux qui dépensent ? Qu’à cela ne tienne ! On va agrandir encore l’écart entre les payeurs et les bénéficiaires en faisant porter le poids de la santé sur les contribuables et non plus sur les cotisants. Et même si cela n’a jamais marché nulle part dans le monde, on va tenter le coup en France.
L’État manque de pognon pour boucher les trous monstrueux que la distribution de prébendes, d’aides sociales tous azimuts et la complexité fiscale invraisemblable ont causés ? Qu’à cela ne tienne ! On va accroître encore un bon coup la complexité générale de l’impôt, on va à nouveau étendre la redistribution parce que davantage des mêmes maux permettra à l’évidence de résoudre le problème !
Et les solutions de bon sens, qui consisteraient à rendre les individus responsables de leur propre couverture santé, à ramener l’État dans ses périmètres cruciaux (régaliens) et arrêter de le saupoudrer inutilement dans mille et un projets débiles, ces solutions ne seront toujours pas évoquées, envisagées et encore moins présentes dans l’un ou l’autre amendement qu’une coterie de bouffons déposera pour montrer qu’elle existe.
Décidément, ce pays est foutu. Et ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’économiste Bastiat, dès le XIXème siècle.
« Que sera devenue la moralité de l’institution quand sa caisse sera alimentée par l’impôt ; quand nul, si ce n’est quelque bureaucrate, n’aura intérêt à défendre le fonds commun ; quand chacun, au lieu de se faire un devoir de prévenir les abus, se fera un plaisir de les favoriser ; quand aura cessé toute surveillance mutuelle, et que feindre une maladie ne sera autre chose que jouer un bon tour au gouvernement ? »
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