La semaine dernière a eu lieu le 22ème congrès annuel sur les systèmes de transports intelligents à Bordeaux, l'ITS World Congress. Un événement mondial qui a réuni près de 12 000 participants.
Le coeur du débat portait sur le meilleur moyen de passer de l’étape du design et du développement de ces nouveaux moyens de transports à leur mise en place au quotidien et à l’acceptation générale des citoyens. Un élément important, quand on sait qu’aujourd’hui, on passe en moyenne 53 heures par an dans les transports et que ce chiffre devrait s’élever à 106 heures annuelles par personne d’ici 2050. Parmi toutes les innovations présentées à l'ITS, de nombreuses entreprises se concentraient sur des plates-formes de données de plus en plus avancées pour mettre en place la Smart City de demain. Le bon choix pour la France ?
Les données au coeur des transports connectés
Le Urbanomics Mobility Project de la société Cubic Transportation Systems transmet des informations aux urbanistes et aux développeurs commerciaux sur la façon dont les gens se déplacent en ville et les achats qu’ils réalisent durant leur parcours. Cela permettra notamment d'affiner les stratégies de croissance de certains commerces pour savoir où se positionner dans la ville pour toucher au mieux leurs clients et aussi aux consommateurs d’avoir un meilleur service à l’endroit où ils le souhaitent. La grande avancée de ce genre de systèmes et d’utiliser à la fois les données publiques des utilisateurs des transports communs alliées aux données privées lorsque le client réalise un achat avec sa carte bancaire. Celles-ci sont bien sûr anonymes et protégées.
L’utilisation de technologies de l’espace, comme les satellites, pour avoir accès à plus de données et ce plus rapidement est aussi une tendance actuelle majeure. Les systèmes de GPS font notamment beaucoup appel aux satellites. Ceux-ci permettent aussi de repérer les routes encombrées pour en conseiller d’autres et réduire les embouteillages par exemple. Ils permettent en plus une plus grande personnalisation de l’envoi d’information selon le positionnement précis du véhicule.
En France, une nécessaire alliance entre secteur public et secteur privé
Selon Gabrielle Gauthey, Directrice de l’Investissement et du Développement local à la Caisse des Dépôts: “dans les cinq années à venir, les infrastructures routières vont devoir s’adapter à tous ces changements pour répondre aux besoins des utilisateurs. Cela ne pourra pas se faire sans une collaboration entre secteur public et secteur privé.” A Paris, la demande en transport devrait augmenter de 20% dans les dix années à venir alors que la ville n’est prête qu’à une croissance de 9% de son réseau. C’est un immense challenge pour les municipalités qui vont devoir faire preuve d’audace et d’innovation pour combler cet écart.
Pour désengorger les grandes villes aux heures de pointes, la France pourrait s’inspirer d’Amsterdam et Rotterdam qui proposent des réductions fiscales à ceux qui n’utilisent pas leurs véhicules aux moments les plus critiques. Plutôt que de faire payer les utilisateurs, Gabrielle Gauthey croit plus en un système d’incitations et de récompenses. On peut aussi envisager de décaler les horaires des universités ou de certaines entreprises pour répartir les flux de transport sur la journée comme le propose Florence Forzy-Raffard, Directrice internationale des Affaires publiques et de la Communication chez Keolis.
Les Tiers Lieux, ces nouveaux espaces de travail qui ne sont ni le domicile ni le bureau, pourrait aussi réduire les flux de transport en favorisant la recherche d’un lieu de proximité pour travailler. Avec 12% de la consommation d’énergie mondiale qui est due aux transports urbains et la prévision d’avoir deux tiers des habitants de la planète habitant en ville en 2050, il devient en effet urgent de penser non seulement à optimiser les transports mais aussi à diminuer autant que possible leur utilisation.