[Critique] AUTÓMATA

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique] AUTÓMATA

Titre original : Autómata

Note:
Origines : Espagne/Bulgarie/États-Unis/Canada
Réalisateur : Gabe Ibáñez
Distribution : Antonio Banderas, Dylan McDermott, Melanie Griffith, Robert Forster, Tim McInnerny, Andy Nyman, David Ryall, Javier Bardem…
Genre : Science-Fiction
Date de sortie : 5 octobre 2015 (DTV)

Le Pitch :
Dans le futur, l’humanité subsiste tant bien que mal dans un monde post-apocalyptique, où la peur des radiations radioactives régit le quotidien de chacun. Jacq Vaucan, un agent d’assurance pour une compagnie de robotique se charge de régler les problèmes inhérents aux cyborgs, omniprésents dans la société et entièrement dévoués aux humains. Quand il découvre que les machines commencent à apprendre par elles-mêmes, Jacq est entraîné dans une histoire dont l’issue pourrait bien changer la face du monde…

La Critique :
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Autómata est passé totalement inaperçu. À une époque, et plus particulièrement au cours d’une année qui a vu se multiplier les productions focalisées sur les problématiques de la robotique, avec des films comme Chappie ou Ex Machina, pour ne citer que les plus célèbres, Autómata a fait un gentil four et a vu ses créatures de métal condamnées à la casse avant même d’avoir pu tenter de convaincre. Alors dans les faits, qu’en est-il ?

Gabe Ibáñez, un réalisateur espagnol relativement confidentiel connaît bien ses classiques. Dans son long-métrage, on retrouve ainsi du Blade Runner, du I Robot et du Se7en. Comme dans le chef-d’œuvre de Ridley Scott, le futur illustré par Gabe Ibáñez n’est pas reluisant, mais plutôt glauque et moite. Il traduit la détresse d’un monde aux abois et la souffrance d’une humanité réduite à peau de chagrin. Et il y a bien sûr ces robots qui, si ils ne sont pas infiltrés parmi les hommes, sont néanmoins omniprésents. Des robots qui vont d’ailleurs amorcer un changement. Blade Runner, mais aussi I Robot, pour la relation qui se noue entre le personnage principal et le cyborg en chef, le tout baigné dans une ambiance poisseuse aux accent policiers, évoquant le Se7en de David Fincher. Sans compter les récentes productions qui finissent d’écraser un peu plus Autómata et de le reléguer au rang de gentille série B. Un film à première vue ambitieux, mais finalement assez feignant et laborieux dans son déroulement, car ne faisant qu’emprunter et coller maladroitement des éléments déjà vus ailleurs pour développer au final une réflexion maintes fois évoquée au cinéma et dans la littérature. En gros, il s’agit une nouvelle fois du mythe de Prométhée. D’une déclinaison de Frankenstein. Ou de Pinocchio. Hasard ou pas, le chef des robots ressemble un peu au Ultron d’Avengers 2, qui abordait lui-même le thème de l’intelligence artificielle. C’est un peu la goutte d’eau. Entre tout, Autómata peine à imposer son point de vue, qui ne se distingue vraiment en rien. Le boulot est correct, mais le résultat pédale dans la semoule par son seul manque d’originalité et d’audace.

Autómata commence pourtant plutôt sous de bonnes auspices. Antonio Banderas, le crane rasé et le visage buriné, traîne sa carcasse au sein d’un univers où progrès et pauvreté s’opposent. Les robots ne sont bien sûr pas aussi clinquants que dans les grosses productions, mais leur design épuré reste efficace, même si encore, on sent ici ou là les emprunts. Pris au cœur d’une sombre affaire impliquant la capacité des machines à penser par elles-mêmes et d’évoluer dans une direction non souhaitée par les autorités humaines, Banderas finit par se faire « enlever » par un groupe de cyborgs rebelles, et c’est précisément à ce moment que les circuits imprimés commencent à prendre l’eau. S’ensuit une réflexion qui veut en dire beaucoup mais qui ne fait que ressasser sans trop de conviction tout en voulant offrir son lot d’action, mais devant composer avec des limites budgétaires évidentes. La volonté de l’œuvre est alors prise en étau entre le manque d’argent et ses propres références. Antonio Banderas a l’air de plus en plus paumé, à l’image du spectateur qui s’ennuie. Les autres acteurs ne faisant que passer, à l’image de la pauvre Melanie Griffith, dont le visage botoxé interdit la moindre expression et qui ressemble en cela davantage à un robot auquel on aurait tenté de donner une apparence humaine.

Au fil des minutes, Autómata s’égare, avant de redresser la barre de justesse, bien qu’il soit déjà trop tard, depuis bien longtemps, pour atteindre le niveau de ses modèles ou ne serait-ce que l’envisager sérieusement. Potentiellement, le long-métrage avait de quoi créer la surprise. Un peu à la façon du récent et vraiment excellent Predestination, avec Ethan Hawke. Un petit film de science-fiction sorti de nulle-part, espagnol de surcroît, porté par un acteur désormais discret, qu’on aimerait revoir dans quelque chose de racé. Malheureusement, la réalité est tout autre. Pas forcément désagréable, parfois traversé d’une poésie néanmoins trop effacée, mais manquant de cette puissance indispensable au propos, Autómata fait malgré lui le minimum syndical et s’avère trop anecdotique pour marquer d’une quelconque façon que ce soit les mémoires. Reset.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Metropolitan FilmExport