Cette Journée mondiale de la santé mentale, célébrée le 10 octobre, veut rappeler combien il est important de respecter la dignité des personnes atteintes de troubles mentaux. Un message d’espoir, mais ambitieux au regard de la prise en charge réelle des troubles mentaux dans le monde. Dépression, troubles anxieux, schizophrénie ou encore toxicomanie restent encore insuffisamment pris en charge et traités, en particulier dans les pays pauvres. Cette absence d’accès aux soins est aussi une manifestation du non-respect des droits fondamentaux de ces patients. Des patients qui au-delà des discriminations, de la stigmatisation et de la marginalisation, sont régulièrement soumis à des maltraitances émotionnelles et physiques.
Les troubles mentaux et neurologiques et leurs comorbidités représentent un fardeau important en Santé publique : soit, 13 % de la charge totale de morbidité à l’échelle mondiale. La dépression en représente à elle seule 4,3 % et constitue une cause croissante d’incapacité dans le monde soit 11 % des années de vie vécues avec incapacité. Les patients atteints de dépression majeure et de schizophrénie ont un risque accru de 40 à 60% de décès prématuré. C’est sans compter les multiples comorbidités dont les cancers, les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’infection à VIH.
Le suicide reste la deuxième cause de mortalité chez les jeunes. Enfin, l’impact mondial cumulé de ces pathologies, sur le seul manque à gagner économique (et donc hors dépenses de santé) a été estimé à 17 milliards de dollars pour ces 20 dernières années.
Sur un plan plus positif, le bien-être mental est une composante essentielle de santé. De mieux en mieux reconnu alors qu’on parle de moins en moins d’espérance de vie mais de plus en plus d’espérance de vie en bonne santé, avec les indicateurs émergents de bien-être et de qualité de vie. Les déterminants de la santé mentale comprennent non seulement des facteurs individuels tels que la capacité de maîtriser ses pensées, ses émotions, ses comportements et ses relations avec autrui, mais aussi des facteurs sociaux, culturels, économiques, politiques et environnementaux, au nombre desquels figurent les politiques nationales, la protection sociale, le niveau de vie, les conditions de travail et le soutien social offert par la communauté.
Il reste unlong chemin à parcourir : Ainsi, si la santé mentale est de mieux en mieux reconnue comme une composante essentielle de la santé, il reste un long chemin à parcourir pour lui donner toute sa place. Des services et les soins de santé mentale trop souvent insuffisants, des pénuries de personnels qualifiés, un accès aux traitements médicamenteux et aux autres thérapies très inégal selon les pays. Quelques chiffres :
· entre 76 et 85 % des personnes atteintes de troubles mentaux sévères ne reçoivent aucun traitement dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires,
· c’est aussi le cas de 35 à 50 % des patients, dans les pays riches.
Selon le pays,
· les dépenses annuelles pour la santé mentale varient de 0,25 à 2 $ par patient !
· Près de la moitié de la population mondiale vit dans des pays où l’on compte en moyenne un seul psychiatre pour 200 000 habitants ou plus,
· seules 36 % des personnes vivant dans des pays à revenus faibles sont couvertes par une législation sur la santé mentale vs 92 % dans les pays à revenu élevé.
· enfin, la disponibilité des médicaments de base pour le traitement des troubles mentaux dans les structures de soins primaires reste particulièrement faible….
Dignité en santé mentale : veiller à ce que les personnes atteintes de troubles mentaux puissent continuer à vivre dans la dignité, grâce des législations respectueuses des droits de la personne, à la formation de professionnels de la santé spécialisés, au respect du consentement éclairé pour les traitements…passe aussi par un accès égalitaire à la prise en charge et aux traitements.
Source: OMS Mental Health (Visuel OMS)
World Mental Health Day Report for 2015: Dignity in Mental Health
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