Nos goûts alimentaires trahiraient-ils autant nos traits de personnalité ? Selon cette étude présentée dans la revue Appetite, une appétence pour les aliments et les boissons au goût amer pourrait être le signe d’une personnalité antisociale avec des penchants significatifs: machiavéliques, narcissiques, voire…sadiques !
Via 2 études, les chercheurs de l’Université d’Innsbruck (Autriche) ont étudié cette association entre des préférences pour l’amertume et 34 traits de personnalité. Les études ont porté sur un total de 953 participants américains, âgés en moyenne de 36 ans à 48% des femmes. Ces participants ont renseigné par questionnaire leurs préférences gustatives, à l’aide de 2 échelles de préférence différentes :
- Dans la première expérience, le premier groupe de participants devait évaluer leur appétence sur une échelle de 1 à 6 pour toute une série d’aliments sucrés, salés, acides et amers.
– Dans la seconde, idem, mais avec une liste réduite d’aliments.
Enfin les participants ont également répondu à un certain nombre de questions sur leur personnalité, ils ont dû se prononcer en accord ou en désaccord avec des propositions visant à évaluer certains traits comme le machiavélisme, la psychopathie ou le narcissisme. Ils ont également été évalués via le test » Big Five » sur les 5 grands traits que sont l’ouverture, la conscience, l’extraversion, l’amabilité et la névrose.
L’analyse des données confirme qu’une préférence pour le goût amer est :
- positivement associée à des traits de personnalité » malveillants « , et des penchants significatifs pour le sadisme et la » psychopathie « .
Ces drôles de conclusions suggèrent surtout une relation entre les préférences alimentaires et le comportement. Christina Sagioglou, auteur de l’étude et psychologue à l’Université d’Innsbruck commente ces résultats : » La préférence pour le goût amer émerge comme un prédicteur robuste pour le machiavélisme, la psychopathie, le narcissisme et le sadisme » au quotidien » « .
Explication des auteurs : Le goût comme l’odorat sont des données traitées dans le même système limbique, un ensemble d’aires corticales et sous-corticales du cerveau, impliqué également dans la mémoire, la régulation des émotions et un large éventail de comportements.
Ainsi, en pratique, la consommation d’aliments amers pourrait être comparée à une expérience qui va induire » une certaine peur » ou prise de risque, retouvées avec certains comportements. L’expérience de l’amertume illustrer le concept d’un » masochisme bénin « , selon les auteurs qui rappellent de précédentes études suggérant que les personnes plus sujettes à la prise de risques sont aussi celles qui apprécient le plus la brûlure d’un repas épicé !
Source: Appetite 25 September 2015 DOI: 10.1016/j.appet.2015.09.031 Individual differences in bitter taste preferences are associated with antisocial personality traits