Le Dessous des Cartes : Le racisme

Publié le 12 octobre 2015 par Didier Vincent

Morano a remué la bouillabaisse dont on est pétri. Nos cerveaux sont englués dans des visions héliocentriques de "la race". Le mot race nous fait réagir à plusieurs niveaux : affectif, ethnique, social, familial, patriotique, cognitif. Nous ne pensons, discutons ou discourons quasiment jamais en fonction de toutes ces sphères, mais à partir d'une seule. Le plus souvent la bulle affective ou patriotique.

Morano calque la race sur la nation. C'est un procédé totalitaire qui sous entend que le droit du sang définit le droit du sol et qu'une race tient sa supériorité de son implantation géographique. C'est aussi un procédé assez moyenâgeux car, dans l'histoire, hors les grandes invasions et colonisations, les métissages étaient rares. Or, actuellement, la rapidité des flux migratoires est liée à une libératisation des déplacements. Les flux de populations entre pays deviennent perpétuels. Ce que l'on appelait les races au Moyen-ge ou à l'époque coloniale dans une vision figée d'un monde en strates s'est délité par les découvertes scientifiques sur le génome humain. Les critères visuels sur la couleur de la peau deviennent secondaires dans une quelqconque classification structurale des êtres humains.

La race est donc un concept flou qui change de forme, tel un nuage, en fonction des valeurs qu'on se donne, des peurs que l'on veut étayer, des exploitations que l'on tente de cautionner, des rejets qu'on tente de rationnaliser. Ce découpage de l'humanité en parcelles étanches tient plus de l'axiologie psychique, fantasmée et parfois symbolique que d'une vérité universelle invariante.