Ce nom d’auteur de romans policiers ne vous dit rien ? A moi non plus jusqu’à ce que je le découvre grâce à un lecteur assidu – comme moi – de Babelio, qui me le recommanda en tant que maître des énigmes à la logique implacable à l’instar de Gaboriau, Maurice Leblanc, Gaston Leroux, sans parler de Conan Doyle et Agatha Christie.
Pourquoi cet oubli ? Cet auteur tout à fait américain malgré son patronyme d’origine huguenote, né en 1875, n’a laissé à ses lecteurs que six romans et une soixantaine de nouvelles. Un florilège de celles-ci sont réunies dans ce petit bouquin publié en 1989 puis rééditées en format de poche en 1998. Autant dire que j’ai eu bien du mal à me le procurer. Mais cela en valait la peine.
Tous les ressorts des énigmes apparemment sans solution y figurent : la chambre close, le singe acrobate, les lettres cryptées, les codes de transmission sophistiqués, les oncles à héritage, les faux suicides ...
Ici, celui qui résout les mystères fait appel à la pure logique comme à son immense savoir scientifique. Comme Paul Bert, Augustus S.F.X. Van Dusen est un savant multidiplômé (en physique, électromécanique, chimie et médecine, et j’en passe …). Il travaille bénévolement à la résolution de problèmes – ça le détend ! – en utilisant l’astuce et les capacités physiques de son acolyte, le journaliste Hutchinson Hatch : on retrouve le classique tandem Holmes-Watson. Doté d’une capacité d’observation et de déduction hors du commun, il met à plat les plus sombres machinations, même celles qui semblent surnaturelles, selon un principe maintes fois martelé : « Ne pas oublier que deux et deux font quatre, pas seulement quelquefois, mais toujours, QUATRE ! »
Ainsi sommes-nous transportés dans la haute société bostonienne, auprès de spéculateurs menant de subtiles opérations de Bourse, de savants et de milliardaires auxquels on a enlevé leur enfant, d’escrocs aussi, travaillant en couple le plus souvent, et fréquentant les grands hôtels et les palaces flottants que sont les transatlantiques. Flottants ? Pas toujours puisque Jacques Futrelle trouva la mort en cette nuit tragique du 14 au 15 avril 1912 au cours de la traversée inaugurale du Titanic … ce qui explique la brièveté de son œuvre.
Merci encore à Carmine qui m’a permis de découvrir cet auteur délicieusement ancré dans son époque et à l’imagination particulièrement fertile.
Treize enquêtes de la Machine à Penser, recueil de nouvelles policières de Jacques Futrelle (1975 – 1912) choisies et présentées par Roland Lacourbe, traduites de l’américain par Carole Gratias et Danièle Grivel, collection Rivages/Mystère Le Seuil, 396 p.