Il faut avoir des rêves électriques
Dans des chemises de manchettes de boutons,
Dans des valises en verre fantastique,
Et s'en aller, le vent dans le menton.
Le train de nuit aux portes ouvertes
Ballote les pieds passagèrement ampoulés.
Au fond des étoiles mouvantes, la nuit alerte
Nous berce de ses yeux fatigués.
J'ai la tête qui cogne et mal aux côtes.
J'ai faim de vin et d'herbes à l'ail.
Tu te nourris de sable et d'herbes hautes,
De nuques moites au vent de l'éventail.
Et puis le sommeil âcre te veille,
Spectacle de la mort paresseuse du soleil,
La rocaille parfumée qui se réveille.
Tes cheveux emmêlés sommeillent.
Au rythme des ballastes endormies,
Le train de nuit aux portes ouvertes.
Doucement tu rêves que tu vis.
Fatalement tu vis enfin ton rêve.