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Faut-il canoniser la misère?
Telle est la réflexion qui nous anime en ce dimanche où les lieux de culte enregistrent l'affluence des fidèles. On pourrait se demander à juste titre si le bon Dieu éprouve de l'aversion pour le riche.
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume. (Mc 10, 25)
Ainsi nombre de versets ou de textes sacrés interpellent, questionnent quant à la relation de l'homme à l'argent, aux biens de ce monde. C'est ainsi que des guides religieux trouvent un raccourci en fustigeant le riche et absolument le riche, cet être fermé à la souffrance des autres, obnubilé par l'accroissement de ses biens. Sérieusement ?
Le riche doit-il se culpabiliser de son état ? Le pauvre doit-il développer une haine injustifiée pour son voisin coupable de manger et d'être rassasié à la sueur de son propre labeur ?
Quand il faut d'abord ôter la paille de son œil pour y voir assez clair...Aujourd'hui, la richesse et les biens matériels s'invitent honteusement, érigent leur diktat dans les assemblées et communautés de prière. Certains vont jusqu'à alléguer lors des collectes que le bruit des piécettes est insupportable aux oreilles du bon Dieu. Des guides religieux roulent en carrosse, revêtus de vêtements derniers cris et prêchant la parole à un auditoire dépenaillé, oubliant que l'attachement aux biens de ce monde, une exhibition malsaine, jure avec le discernement et l'accroissement spirituel.
Intolérable aberration, un responsable de communauté logé en province n'hésite pas sur fond d'humour noir à exhorter ses fidèles à ne plus s'acquitter de leur loyer au motif qu'il faille une répartition équilibrée des richesses. Avons-nous besoin d'un tel discours réactionnaire et incitant au désordre dans des environnements où trop souvent les paroles des leaders sont bues à la lettre sans une once de discernement ?
Quand il s'agit d'indexer la richesse et la pauvreté, n'est-ce pas d'abord les systèmes qu'il faut passer au crible ? Ces systèmes qui font trop souvent de la lutte contre la mal-gouvernance et la corruption, un leurre... Ce système qui laisse les plus jeunes s'affrioler de contre-valeurs dans un monde où l'inégalité renforce les clivages chaque jour un peu plus.
Alors non, il ne s'agit point de canoniser la misère, pour paraphraser un guide religieux. Il ne faut pas trucider le riche, encenser la fainéantise en faisant le lit d'une victimisation à outrance. Il s'agit d'aider l'humain à ne point se pervertir et léser autrui, dans une course effrénée à des biens mal acquis. Exhorter les décideurs à une gestion rationnelle et profitable au plus grand nombre des biens de la collectivité. Il s'agit d'interpeller la fibre humaniste qui sommeille en chacun, aussi ténue soit-elle. Car riche et pauvre, l'un ou l'autre ont forcément des valeurs en commun, des valeurs à partager.
Juste une parenthèse pour exhorter ces guides religieux à relayer sérieusement les consignes du Ministère de la Santé dans la lutte contre Ebola, et notamment bannir jusqu'à nouvel ordre les échanges de poignées de main. Certes Dieu accomplit des miracles, mais l'homme doit éviter de le mettre à l'épreuve !
Félicité Annick FOUNGBÉ ZIMO épse DE SOUZA