“Quand Homo Sapiens faisait son cinéma"
Diffusé vendredi dernier sur Arte, le film “Quand Homo Sapiens faisait son cinéma” propose une fabuleuse lecture sur les créations des artistes du paléolithique. Avec un raccourci vertigineux, les études de scientifiques concluent que les peintures et des gravures des hommes des cavernes révèlent l’existence de nombreux cas de décomposition du mouvement dans la représentation des animaux sur les parois des galeries, étape décisive sur la voie du cinéma d’animation.
Une étude approfondie des fresques, notamment celles de la grotte Chauvet, a permis de déterminer l'existence de séries narratives dans une scène de chasse, les œuvres peintes n'étant pas une simple juxtaposition de figures sans organisation. Il s'agirait donc de véritables séquences développant dans la durée une scène vivante.
C'est peu de dire que l'histoire acquise sur les pionniers du cinématographe prend alors une dimension nouvelle et opère un changement d'échelle prodigieux. Alors que jusqu'ici les débats sur l'origine de cette invention magique mettait en scène ces précurseurs du cinématographe sur deux siècles, il faut semble-t-il considérer que vingt mille ans plus tôt, des hommes et des femmes si proches de nous s'emparaient déjà de cette conquête de l'illusion, s'appropriaient cette victoire sur le mouvement avec la même avidité d'appréhender le réel sous tous ses aspects.
Les débats sur les origines de ce qui est devenu le cinématographe n'ont cessé de chercher à déterminer les mérites respectifs des Marey, Reynaud, Cohl, Leprince, Edison, précurseurs des frères Lumière. Phénakistiscope, zootrope, praxinoscope....La notion d'invention se dilue dans cette extraordinaire marche en avant pour résoudre le mystère de l'image animée. Désormais, le curseur se déplace vingt mille ans plus tôt pour évaluer l'origine de cette conquête. Avec le film "Quand Homo Sapiens faisait son cinéma", serait-ce la découverte d'un chaînon manquant dans cette aventure désormais millénaire : l'Homo cinématographicus ?