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Ingrid Desjours : Les Fauves

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Les Fauves  d’Ingrid Desjours   3,5/5 (05-10-2015)

Les Fauves (448 pages) est sorti le 8 octobre 2015 dans la collection La bête noire des Editions  Robert Laffont.

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L’histoire (éditeur) :

« Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! » À la tête d'une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l'État islamique, l'ambitieuse Haiko est devenue la cible d'une terrible fatwa.
Lorsqu'elle engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d'Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l'entière vérité sur ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans ?
Dans cet univers ou règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde.

Mon avis :

Alors que débute une campagne choc où les proches des jeunes partis faire le jihad témoignent, que la tuerie de Charlie Hebdo est encore dans nos esprits et que la peur d’un acte terroriste est particulièrement présente, Ingrid Desjours sort son nouveau roman,Les Fauves, qui tire sa force de cette actualité brûlante et inquiétante.

Agrémentée d’extraits véridiques de journaux, qui augmentent un peu plus le sentiment de réalisme et ainsi de crainte, Les fauves m’a principalement captivée par son sujet et les enjeux qui en découlaient.

J’ai été intriguée par la mort de Nadia, meilleure amie et collègue de Haiko Homoreanu, fondatrice de l’association N.e.r.F (Nos enfants resteront en France), qui intercepte les ado recrutés par Daesh avant qu’ils ne rejoignent la Syrie, et par l’intrigue qui s’est très vite mise en place avec une foule de questions  qui ne m’ont pas quittée avant la fin. Pour ça, Ingrid Desjours s’en sort très bien, baladant le lecteur qui n’obtient que peu de réponses et surtout qui se voit douter de la sincérité tous les personnages.

Il faut dire qu’ils sont tous loin d’être blancs et la dualité, les démons intérieurs et la culpabilité de chacun les rend particulièrement troublants, voire carrément préoccupants. Lars, entre autres, ancien militaire d’une unité d’élite devenu agent de protection rapprochée,  est hanté sa détention en Afghanistan, que l’on ne peut que supposer terrible (les détails arrivent tardivement mais quand ils sont là, on se dit qu’on aurait préféré ne pas savoir…) et ça ne le rend pas plus sympathique pour autant. Froid, violent, accro à certaines drogues et à la limite du brun out, il insuffle au récit (et vis-à-vis des autres personnages) une part d’incertitude intéressante et addictive.

Néanmoins, Les fauves c’est aussi beaucoup de violence et une vulnérabilité qui souvent se transforme en noirceur particulièrement brutale. A ce niveau, j’ai eu un peu plus de mal, trouvant cela un peu excessif. Il y a un petit côté « too much » qui plaira à beaucoup et notamment à tous ceux qui aiment les romans bien noirs et brutaux.

Avec ce titre, Ingrid Desjours signe un thriller dans lequel elle n’a pas peur d’évoquer un sujet de société brulant : la radicalisation des jeunes (et il n’y a pas que l’Islam qui est pointé du doigt), ainsi que d’autres thèmes sous-jacents, et s’en sort assez bien sans tomber dans les clichés et en nous laissant une certaine amertume d’être confrontés si près à la réalité.

Malgré tout cela, et cette incroyable atmosphère pleine de défiance et de haine, l’alchimie n’a pas vraiment opéré. Il y a quelque chose qui m’a dérangée et empêchée de pleinement apprécier ce nouveau roman. Les personnages, entre autres, n’ont pas d tout réussi à me convaincre.

Bon, je ne regrette pas non plus cette lecture (qui s’avère très rythmée) et suis convaincue qu’avec Tu tueras le père de Sandrone Dazieri, Les fauves offre une entrée choc de la nouvelle collection des éditions Robert Laffont :  Le bête Noire.


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