Mars 2014.
J'ai compris, de coups de téléphone en appels et rappels multiples sur deux étés, qu'ils en étaient à leurs toutes premières armes dans le domaine de la business animale. J'ai parlé à facilement une dizaine de personnes différentes sur 12 mois, obtenant des informations erronées ou contradictoires presque tout le temps.
J'ai compris qu'on a ralenti mes urgences parce qu'on manquait de personnel sur place. On annonçait bien que "des" patrouilleurs" viendraient chercher nos captures, moyennant qu'on prenne l'une de leur cage-trappe. Gratuitement. Mais on en a jamais plus qu'un. Une. La jolie punk de l'autre jour.
Et de toute évidence, elle commence.
Dans la seconde nuit où j'ai réinstallé la cage, on a tout de suite attrapé un chat particulièrement con qui avait envie de poulet et qui n'avait visiblement jamais fait de voyage chez le vétérinaire pour ne pas avoir la frayeur des cages comme ça. Heureusement, je ne travaillais pas cette nuit-là et je l'ai vu tout de suite. Aussitôt libéré, le lendemain matin, la cage avait été transportée quatre pieds plus loin. Par un gros raton. Un des deux que nous chassions. Bingo!
J'ai appelé le refuge en question trois heures avant que celui-ci n'ouvre ses portes. Une heure après que ceux-ci eût ouvert leur bureau, j'étais toujours sans nouvelles. J'ai été revoir l'état du pauvre raton, coincé et semblant accepter son sort, tristement. Il dormait le pauvre.
Moi qui le souhaitais si mort il y a un an, voilà que j'étais en train de m'attendrir face à cette brave bête masquée. Il dormait, crevé d'angoisse je présume. Je ne voulais pas le garder comme ça 24 heures, j'ai rappelé.
"Oui, le message a été envoyé "aux" patrouilleur"s" et
"Vont-ils sonner à la porte directement ou m'appeler avant? Je dois peut-être bouger aujourd'hui et je ne sais pas..."
"Généralement ils appellent avant, mais des fois non, je ne sais pas..."
Je retombais dans les informations confuses, mais ce qui était clair c'est que cette patrouilleuse punk avait probablement un autre emploi, n'était pas en permanence sur les lieux et avait elle aussi reçu le message, mais ne l'avait pas encore ingéré dans son horaire du jour quel qu'il soit.
Toutes des informations qu'on ne me partagerait jamais de toute manière.
J'étais alors aussi en cage. Chez moi. Incapable de partir faire mon jogging. Incapable de me rendre à l'épicerie. Incapable de laisser sortir ma chatte qui suppliait de le faire. Assis sur le téléphone ou le nez dans la fenêtre à surveiller tantôt une arrivée, tantôt un sommeil de raton.
12:27, le raton était de plus en plus mignon à dormir en petite boule, mais personne n'était encore venu chez nous sinon le facteur.
12:55. la même patrouilleuse punkette se pointe et avec une assurance nouvelle se charge en deux temps trois mouvements de la cage.
"On pourra encore la garder? on a 2 ratons à se débarrasser, on en a attrapé qu'un"
"Oui, mais nous fermons en fin de semaine..."
"Fermons?"
"Le saison dé prêts de cage gratwee se termine samedi"
Ben oui, les saisons de trappe ont des débuts et des fins. Easy-go lucky, je ne me suis jamais soucié de ça et j'ai pris mon temps pour poser ces cages à trappes.
"C'est long entre le moment où vous prenez la cage et revenez me la remettre, vous aller les porter loin?"
Elle a ri, Un très beau rire.
"oui, on va les porter en fowrêt louin. Mais je n'avais pas diné, j'ai aussi arrêté prendre des sushis. J'adore les sushis"
J'adore son accent gaélique ou normand.
On a accepté de me laisser la cage jusqu'à vendredi ("Purr Twa" a dit la punkette avec son charmant accent néerlandais ou finnois).
Elle est revenu trrrrrrrrès longtemps plus tard me remettre la cage et me faire signer des papiers certifiant les bons traitements animaux. Cette patrouilleuse est franchement belle. Et cet accent...
J'ai remis la cage en place en soirée, mais cette fois avec de la salade au poulet meilleure avant la veille. Zont pas aimé, j'ai rien pogné. j'ai rajouté une cuisse de poulet.
Même chose le surlendemain. Rien. L'autre raton est mort, ou est trop intelligent, il a vu l'autre se faire prendre et s'est dit, "non, pas moi".
Fallait donc que je ramène la cage. On a convenu que j'ailles la porter au refuge hier.
Je l'ai remise au refuge.
Avec des sushis dans le fond de la cage.