Magazine Afrique
Le harcèlement sexuel existe dans toutes les sociétés, dans tous les milieux professionnels quels qu’ils soient. Après « l’affaire » DSK ( accusé de harcèlement sexuel et de viol) et la démission, en France, d’un secrétaire d’État à la Fonction publique du nom de George Tron, ( accusé lui aussi par deux de ses collaboratrices d’agressions sexuelles) il est judicieux d’évoquer aujourd’hui cette violence longtemps tu par les femmes pour différentes raisons, bonnes ou mauvaises. En Algérie, (et dans le monde arabo musulman de manière plus générale) les tabous sur la sexualité et tout ce qui y a trait, freinent les femmes victimes de viols, d’agressions sexuelles ou de harcèlement de porter plainte contre l’homme agresseur. Le code de la famille (ou Moudawana), véritable chape de plomb, dicte les règles en société et notamment la place de la femme au sein de sa famille comme sur son lieu de travail. Ce code inclut des éléments de la charia soutenue par des islamistes et par des conservateurs même si des associations féministes et des partis de gauche en demandent l’abrogation. Sous la pression des partis islamistes et conservateurs, le code a été partiellement révisé (notamment en ce qui concerne le mariage, le divorce et la filiation ). Cette révision a touché plusieurs aspects en renforçant les droits des femmes. Lors de la guerre civile qui ébranla l’Algérie pendant plus de dix ans, des milliers de femmes ont été kidnappées, violées et assassinées (voir aussi le film en préparation basé sur mon roman : Les Silences de Médéahttp://www.thesecretsofmedea.og/ ). Le président Abdelaziz Bouteflika avait alors demandé au peuple algérien de considérer ces femmes rescapées comme des « héroïnes de guerres. » Rien de cela n’eut lieu. Comme s’il ne suffisait pas pour elles d’avoir connu un drame sans nom les voilà en plus considérées comme des parias, des rebuts de la société. Pour celles revenues des maquis, le cauchemar continu lorsqu’elles sont rejetées par leurs familles, leurs parents parce que « souillées » par les islamistes. Certaines en ont perdu la raison, sont devenues prostituées, mendiantes ou se sont suicidées. Je vous renvoie vers ce site :http://www.retelilith.it/ee/host/maghreb/htm/magh9.htm qui détaille ces questions avec précision. Le harcèlement sexuel existe dans toutes les sociétés, certaines ont travaillé pour abolir la stigmatisation des femmes victimes, d’autres les incriminent parce qu’elles sont femmes et désireuses d’un épanouissement autre que celui que l’on peut connaître dans la sphère privée et familiale. J’ai le souvenir très net d’une jeune étudiante en médecine, en Algérie, qui avoua de manière anonyme être victime de l’un de ses professeurs de faculté. Il sursoyait son passage à l’année supérieure à la condition qu’elle accepte ses avances. Elle était désemparée, prise au piège entre le désir d’aller au bout de sa vocation et celui de garder sa virginité pour l’homme de sa vie.