Comme l’os en terre dernière
Ma pensée a perdu sa chair, son sang
Je ne respire plus que par ma structure dure
Les oiseaux n’ont plus de chant à mon âme
Je veux regarder Ta création et je ne vois rien
Je prétends étendre mon bras dans Ton herbe
Je souhaite un cri de ma bouche au passage de la mésange
Je perds tout geste, tout élan
Oui j’ai tout perdu, Maître de l’esprit et des choses
Et mon âme enfuie achève de se dissiper dans le néant
En fait je ne respire pas, Tu le sais
Mes os se taisent, mon nom s’épuise
Et déjà mon royaume ne suscite plus qu’un rire dans la mémoire de Tes vivants
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Jacques Chessex (Payerne, Suisse 1934-2009) – Comme l’os (1988)