Dans cette étude, l’infidélité regroupe à la fois la notion de relations sexuelles avec quelqu’un d’autre que le partenaire (infidélité sexuelle) mais aussi de relation personnelle étroite avec quelqu’un d’autre, même s’il n’y a pas de rapport sexuel ou d »intimité physique (infidélité émotionnelle). Face à cette infidélité, l’étude montre que les hommes et les femmes réagissent différemment à ces différents types d’infidélité. Alors que les hommes seront plus jaloux face à l’infidélité sexuelle, les femmes le seront plus face à l’infidélité émotionnelle. Les auteurs en appellent ici à a psychologie évolutionniste peut expliquer ces différences de réponses, selon le sexe.
L’étude : Les Prs. Mons Bendixen, de la Norwegian University of Science and Technology’s (NTNU), Leif Edward Ottesen Kennair et David Buss de l’Université du Texas ont mené leur étude sur la » jalousie » auprès 1.074 participants. Il faut rappeler ici que la Norvège est un terrain d’étude particulier au sens où c’est l’un des pays du monde ayant mis en pratique un grand degré d’égalité entre les sexes. Les chercheurs ont invité les participants à s’exprimer par questionnaire sur leur jalousie en cochant, après lecture de plusieurs scénarios, si l’infidélité émotionnelle ou sexuelle d’infidélité était laplus bouleversante. Plusieurs questionnaires dans plusieurs ordres différents étaient proposés de manière à réduire les biais de réponse possibles. L’analyse constate que,
· les hommes expriment leur jalousie en réponse à l’infidélité sexuelle, les femmes plus en réponse à l’infidélité émotionnelle.
· cette propension à répondre par la jalousie à ces 2 types d’infidélité n’est pas dépendante des relations » de couple » actuelles des participants, ni des expériences passées d’infidélité, ni de l’ordre des questions dans le questionnaire, ni des différences individuelles dans l’orientation socio-sexuelle.
2 théories en psychologie !
La première prend ses racines dans les rôles culturels de genre : elle soutient ainsi que dans un environnement culturel à degré d’égalité élevé, hommes et femmes interprètent le monde de la même manière, en vertu de plus d’égalité dans leurs rôles sociaux. L’approche soutient ainsi que l’esprit humain est en grande partie façonné par ces différents rôles, assignés selon les cultures, aux femmes et aux hommes ainsi que par les expériences que les hommes et femmes traversent. Selon la théorie du genre, nous aurions » appris » la jalousie comme un mécanisme acceptable par un esprit humain évolué.
La seconde tire ses conclusions de l’évolution et prend en compte l’adaptation nécessaire, au fil de milliers de générations, des hommes et les femmes, aux différents défis liés à la reproduction. L’infidélité fait évidemment partie de ces défis car un homme doit pouvoir savoir s’il est le père de l’enfant de son partenaire pour » investir » ensuite toutes ses ressources protectrices et éducatives sur l’enfant. L’insécurité de la paternité s’oppose de tout temps à la parentalité.
Si l’on prend en compte cette seconde théorie évolutionniste,
Øfinalement la jalousie des hommes est une réaction émotionnelle à l’infidélité sexuelle. Concrètement, c’est un outil permettant à l’homme de faire pression sur sa partenaire pour éviter l’infidélité sexuelle (et reproductilve).
ØPour les mères, le problème est différent, et quoiqu’il en soit, leur préoccupation majeure de mère sera de veiller à ce que le père de l’enfant apporte à l’enfant toutes les ressources dont il a besoin, dont la sécurité, un statut social et sur un plan strictement évolutionniste la nourriture. Ainsi, la plus grande crainte d’une mère n’est pas l’infidélité sexuelle, mais » l’infidélité de ressources « . Si l’on suit toujours cette théorie évolutionniste, les femmes d’aujourd’hui seraient donc descendantes de femmes qui depuis des milliers de générations ont répondu, par la jalousie, aux hommes qui cherchaient à » investir » sur d’autres femmes.
Certes, il existe des exceptions à la théorie :
- Certaines femmes, moins nombreuses, se sont montrées et s’avèrent aujourd’hui indifférentes à l’attachement de leur partenaire à d’autres femmes : ce sont des femmes plus enclines à prendre soin de leurs enfants sans les ressources du partenaire.
- Certains hommes, moins nombreux aussi, se sont montrées et s’avèrent aujourd’hui indifférents au fait que leur partenaire femme puisse avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes. Ce sont ces mêmes hommes qui sont plus susceptibles d’investir leurs » ressources » sur les enfants de leur partenaire, même si ce sont les enfants d’un autre homme.
Si l’on en revient à cette étude, les différences constatées entre les sexes sont particulièrement remarquables car elles sont issues d’un terrain profondément égalitaire et favorisant l’investissement paternel. Ainsi, si l’on prend en compte le contexte de l’étude, non seulement ses conclusions sont en ligne avec la théorie évolutionniste mais contredisent (ou minimisent) les théories » du genre « . Selon la théorie évolutionniste, nous sommes finalement, hommes ou femmes, les descendants » génétiques » de femmes et hommes qui ont majoritairement répondu de manière appropriée aux menaces de l’évolution, bien que quelques-uns aient choisi un chemin différent.
Source: Personality and Individual Difference November 2015 doi:10.1016/j.paid.2015.05.035 Jealousy: Evidence of strong sex differences using both forced choice and continuous measure paradigms
Lire aussi :SEXUALITÉ: Ce que chaque sexe recherche chez son partenaire –
Biblio:
Bendixen, M., Kennair, L.E.O., & Buss, D.M. (2015). Jealousy: Evidence of strong sex differences using both forced choice and continuous measure paradigms. Personality and Individual Differences, 86, 212-216. doi: 10.1016 / j.paid.2015.05.035
Bendixen, M., Kennair, L.E.O., Kaasa, H., Isaksen, L., Pedersen, L., Svangtun, S., & Hagen, K. (2015). In search of moderators of sex differences in forced-choice sexual jealousy responses: Effects of 2D: 4D digit ratio and relationship infidelity experiences. Nordic Psychology. doi: 10.1080 / 19012276.2015.1013975
Kennair, L.E.O., Nordeide, J., Andreassen, S., Strønen, J., & Pallesen, S. (2011). Sex differences in jealousy: A study from Norway. Nordic Psychology, 61, 20-34. doi: DOI: 10.1027/1901-2276/a000025