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750 réfugiés du Lycée Jean Quarré : une bombe humaine !

Publié le 09 octobre 2015 par Asse @ass69014555

750 réfugiés du Lycée Jean Quarré : une bombe humaine !La valse hésitation des élus se poursuit... Entre leur mains, une misère qu'ils ne savent comment gérer... Une bombe humaine inédite dont ils ne savent que faire...
Le 4 août dernier, la Mairie de Paris déclarait ne pas avoir l'intention d'expulser les réfugiés du lycée désaffecté Jean Quarré où ils s'étaient installés. Et voilà que le 25 septembre, elle obtient leur expulsion du tribunal administratif dans un délai d'un mois... A la satisfaction des élus qui ont vu les campements disparaître des trottoirs s'oppose l'effroi de la bombe humaine contenue par les murs du lycée qui " abritent " à ce jour quelques 750 personnes dans des conditions sanitaires et humaines épouvantables.

Les autorités ont depuis quelques mois économisé en moyens matériels et humains la prise en charge de ceux dont elles ne voulaient pas. Et les voici aujourd'hui dans l'impasse... Coincées entre stratégies éculées, propositions sous-dimensionnées et lenteurs administratives...

Point positif et non des moindres, la solidarité grandit dans notre pays qui ne retrouvera que grâce à elle une légitimité à afficher sur ses frontons la devise Liberté, Égalité, Fraternité.

750 réfugiés du Lycée Jean Quarré : une bombe humaine !
Chacun sait que la bombe humaine va finir par péter ! Comment pourrait-il en être autrement alors que les besoins les plus élémentaires des réfugiés - manger, s'habiller, dormir, se laver, avancer dans leurs démarches - sont laissées à la gestion de particuliers et d'associations soutenus en rien par la mairie ou l'État ?

Les bonnes volontés ne suffisent pas. Préparer 750 repas sur place, même une seule fois par jour, est techniquement impossible au vu de "l'équipement", même si les denrées arrivent de la part de tout ceux qui se mobilisent. S'habiller quand rien n'est conçu pour trier, stocker et surtout distribuer équitablement les vêtements est laborieux. Dormir quand on est tassé dans des chambrées et des couloirs est difficile. Se partager 2 WC utilisables et quelques robinets ne saurait contribuer à l'amélioration des conditions d'hygiène... Les dégrader tout au plus...

750 réfugiés du Lycée Jean Quarré : une bombe humaine !
Pourtant, le nombre d'habitants de la Maison des Réfugiés ne cesse d'augmenter. Pourquoi ? Parce qu'après avoir testé les lieux de prise en charge proposés, beaucoup de réfugiés leur préfèrent la liberté misérable qu'offre le lieu à l'enfermement de certains centres d'hébergements qui ne rempliraient pas les conditions d'un accès au droit serein, digne et soutenu...

Le Monde - 24 09 2015 après l'évacuation du camp d'Austerlitz

Une semaine après l'évacuation du campement d'Austerlitz menée par la préfecture et la mairie de Paris, jeudi 17 septembre, la situation des 430 migrants reste très hétérogène. Mercredi 23 septembre, le collectif d' aide aux migrants s'est réuni avec une trentaine d'entre eux pour faire le point. Hébergé au Formule 1 de Saint-Ouen (Seine- Saint-Denis) avec 40 autres migrants, Ibrahim Saleh s'alarmait du manque d'accompagnement. " On se sent un peu isolé ici, explique le Soudanais de 35 ans. On nous donne 60 euros par semaine pour vivre. Et le directeur de l'hôtel nous a dit qu'on ne resterait qu'un mois ici. On a peur de retourner dans la rue. " Une des bénévoles, en contact permanent avec cet hôtel ne disposant pas de cuisine, ni de machine à laver, précise qu'ils seront ensuite hébergés dans un vrai centre.

Parmi les griefs, un constat revient systématiquement chez les migrants, qui ont été répartis dans une vingtaine de centres d'hébergement provisoire, une moitié à Paris, l'autre en petite et grande couronne : le fort sentiment d'isolement faute de titres de transport. Logé à Ivry, Chérif, " super content " des conditions générales, se demande " comment faire pour venir dans ce genre de rassemblement et de lieu de partage avec les bénévoles sans tickets de métro ". Avant de faire rire l'assistance : " Mais on va bien se débrouiller, on a réussi à venir de Vintimille [à la frontière franco-italienne] jusqu'ici ", lâche-t-il, d'un sourire timide.

A l'heure actuelle, les titres de transport sont délivrés par les associations responsables du centre seulement pour des dé placements administratifs, sur présentation d'un justificatif. Amadou, 34 ans, hébergé à Paris (14 e), fait partie des rares chanceux à disposer de quatorze tickets de métro par semaine.

" Il y a des ajustements urgents "

A Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), seule une personne à mi-temps gère le foyer de l'Association de développement des foyers. " Il n'y a pas de directeur. C'est grave. On confie des structures sans moyens ", déplore Marc Naelten, membre du collectif d'aide aux migrants et responsable de Réseau d'éducation sans frontières. A Paris, les résidences Pernety (14 e arrondissement) et Albin-Peyron (20 e) semblent bien fonctionner.

A Nanterre, la confusion règne autour du centre d'accueil et de soins hospitaliers. A leur arrivée, les réfugiés n'ont pas voulu descendre du bus. " Certains ont visité les lieux. Ils ont eu peur quand ils vont vu que le centre accueillait également un service psychiatrique et un autre pour sans-abri. " Selon plusieurs sources, trois d'entre eux ont été placés en garde à vue à la suite de leur protestation.

" D'après mon expérience, on va dire que c'est la moins pire des prises en charge post-évacuation ", souligne M. Naelten, qui a assisté à l'évacuation du campement d'Austerlitz. Il demeure vigilant sur la bonne tenue des promesses de l'Etat. " Il y a des ajustements urgents à faire ", résume celui qui prépare un courrier à destination de la préfecture et de la mairie de Paris. Lors de l'évacuation, une fiche d'information résumant les engagements des pouvoirs publics avait été distribuée aux migrants : " Le centre vous procurera un hébergement, et trois repas par jour. Vous pourrez aller et venir pour effectuer l'ensemble de vos démarches. En cas de besoin, vous pourrez bénéficier d'un accès aux soins. "

Passage de relais indispensable

Sur le plan administratif, les disparités sont fortes même si l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) semble s'être déplacé dans les foyers, comme l'avait promis la préfecture. " Pourquoi des dossiers vont plus vite que d'autres, alors qu'on fuit tous la guerre ? ", s'interroge Chérif. La procédure - des demandes d'asile politique en majorité - s'est parfois complexifiée après l'évacuation. Une question de domiciliation. Le lieu de prise en charge du dossier est parfois très éloigné du centre dans lequel les demandeurs d'asile sont hébergés.

Certains réfugiés à Mézy-sur-Seine (Yvelines) voient leur demande traitée à Paris, soit à 50 kilomètres. A cela s'ajoute une diversité des cas entre les demandeurs d'asile politique classique, principalement Syriens, Irakiens, Soudanais, Erythréens, et ceux originaires de pays d'origine sûre selon la liste de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides ( Sénégal, Albanie, Inde ....), et les sans-abri.

La nouvelle priorité du collectif de soutien d'Austerlitz, qui organise chaque mercredi un rassemblement, est de faire le lien entre les centres d'accueil et les associations locales. Un passage de relais indispensable depuis la dispersion des migrants en Ile-de-France.

750 réfugiés du Lycée Jean Quarré : une bombe humaine !
Certains soutiens présents au Lycée Jean Quarré affirment qu'il n'y aura pas d'expulsion : " personne ne saurait où héberger toutes ces personnes en plus de celles qui arrivent aujourd'hui en France ". D'autres sont plus inquiets : " la présence au lycée de certains activistes risque de pousser des réfugiés à résister à une expulsion et là, il y aura des morts ! "

Dans un cas comme dans l'autre, le chemin de la demande d'asile n'est éclairé que par la lueur d'espoir nourrie par des citoyens qui offrent leur temps pour accompagner les réfugiés dans leurs démarches administratives, enfoncer des portes pour qu'ils accèdent aux soins, s'improviser enseignant de français ou guide touristique pour quitter quelques heures les murs gris de Jean Quarré...

Lettre ouverte au Préfet de Paris, à la Maire de Paris et au Maire du 19e arrondissement de Paris, par un collectif d'enseignants du Collège Guillaume Budé, PARIS 19

750 réfugiés du Lycée Jean Quarré : une bombe humaine !
Madame Hidalgo, Monsieur Dagnaud, Il y a des moments où la situation réclame que certains tirent la sonnette d'alarme. En tant que voisins de l'ancien lycée Jean Quarré, témoins jour après jour de l'évolution de la situation des 750 migrants et réfugiés qui y habitent depuis le mois de juillet, situation qui ne cesse de se dégrader et qui exige une action d'urgence humanitaire. En tant qu'enseignants, qui tentons de transmettre au quotidien les valeurs qui fondent notre vie en commun et le sens que nous attribuons à la vie décente. Nous poussons à votre adresse un cri d'alarme, mêlé d'écœurement devant tant d'attentisme ; un cri de colère aussi, qu'on fasse si peu quand on a les moyens de faire tant, et d'inquiétude devant une situation qu'on laisse pourrir et qui donne tous les signes de drames à venir. Quelques faits à porter à votre réflexion. Hier soir, lundi 5 octobre à 19h30 en sortant d'un conseil pédagogique, nous avons constaté qu'il n'y avait pas d'électricité dans le lycée. Nous avons vu aussi les poubelles accumulées. Et nous avons ensuite appris que la nourriture était manquante ce soir-là. Vous qui prévoyez de reloger 80 migrants, imaginez-vous ce que peut être une distribution de nourriture de 750 personnes sans aucune organisation ? Les bonnes volontés citoyennes sur lesquelles la puissance publique dont vous avez la charge s'est défaussée depuis le début, au prétexte qu'il ne doit pas y avoir de regroupements de réfugiés visibles, ne suffisent plus manifestement. Qu'avez-vous fait pour subvenir aux besoins premiers de ces 750 nouveaux habitants du 19e arrondissement ? Avez-vous répondu à la demande de subvention d' " Une Chorba pour tous " ? Avez-vous l'intention de faire en sorte de rétablir l'électricité ? Avez-vous l'intention d'installer des toilettes dans la cour ? Allez-vous rétablir le ramassage des poubelles ? Combien de collectes nous faudra-t-il organiser entre citoyens pour apporter un peu de nourriture aux réfugiés et sans-papiers du lycée ? Les associations entrent et agissent, les bénévoles entrent et agissent, les voisins entrent et agissent, les enseignants entrent ; et la Mairie, que fait-elle ? A quel point faudra-t-il qu'ils aient faim pour que vous acceptez de faire face à l'Histoire ? Parce que nous constatons votre inaction chaque jour, nous sommes alarmés quant à la manière dont va se passer l'expulsion des lieux prévue le 25 octobre. Nous vous rappelons que, tant au Conseil municipal du 14 septembre qu'à la réunion publique du 15 septembre et lors des rencontres avec le collectf Solidarité Migrants Place des Fêtes, vous avez pris l'engagement que personne ne serait mis dehors sans relogement. Que faites-vous aujourd'hui, M. Dagnaud, vous qui avez déclaré vouloir " organiser les bonnes volontés afn de les rendre, sur le terrain, le plus efficace possible " ? Qui sera responsable des conséquences dramatiques de l'expulsion du 25 octobre qui sera la énième pour les réfugiés et qui s'annonce catastrophique si aucun logement n'est proposé à ceux qu'on met dehors ? En tant qu'enseignants, une question supplémentaire se pose à nous : quel message républicain transmettre à nos élèves alors même qu'en face de notre collège, des hommes et des femmes survivent abandonnés par l'État, soumis à des décisions administratives froides et sans perspectives? Monsieur le Préfet, Madame la Maire, Monsieur le Maire, il y a urgence. Nous attendons une réaction à la hauteur de la situation et de votre devoir de représentant de l'État et d'élu-E républicain-E. Nous vous prions de bien vouloir croire en notre profond attachement aux valeurs républicaines. Signataires Pierre-Antoine BAUD, Emmanuel BEGUIN, Ali BEN YOUSSEF, Charline BITTNER, Thomas BOUDIE, Mathilde BUTRUILLE, Karim DAANOUNE, Karine FOURLON, Fabien GLEIZES, Magali HUBERT, Marie HULEUX, Olivier INNOCENTI, Danaé MARGHELIS, Nadège MARKOV, Tatana MICHOUD-POGOSSIAN, Amel MOUSSALI, Jérôme MUSSEAU, Sylvie NOVAK, Laure OLLIVE, Hélène ROUGEOT-MANSOURI, Fabien SONEGO, Claire STERNBERG, Caroline THABET Monsieur Carenco,

Pour découvrir les reportages d'Emin Ozmen
auprès des réfugiés à Jean Quarré et à Calais
cliquez sur son portrait !


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