L’Ethical Fashion Initiative : 3 mots pour un programme ambitieux. Créé en 2009 et soutenu par le centre du commerce international (l’ITC), organisme basé à Genève, l’objectif de l’Ethical Fashion Initiative est de mettre en lien le monde de la haute couture et du luxe avec celui de l’artisanat d’Afrique ou d’Haïti.
Pas de charité, juste un travail
Son fondateur, l’italien Simone Cipiriani, entend par ce programme « ramener de l’authenticité dans le monde de la mode et apporter du travail à l’Afrique ». Les vêtements et les accessoires sont fabriqués de façon éthique, loin des ateliers clandestins. Les artisans, souvent des femmes, habitent des bidonvilles et trouvent ainsi dans ce projet un début d’autonomie et un moyen de sortir de la pauvreté. Mais le slogan de l’EFI est clair : pas de charité, juste un travail. L’EFI est cadré par l’ITC, et sa directrice exécutive, Arancha Gonzalès, rappelle qu’ils sont des investisseurs : « Nous utilisons l'aide publique pour mettre en place des formations et donner aux artisans un cadre de travail satisfaisant. Evidemment, le programme garantit une rémunération décente des personnes impliquées, selon les normes de l'Organisation internationale du travail, mais précisons-le d'emblée les salaires versés sont le fruit du commerce, et de ce dernier uniquement ».
Pour Simone Cipriani qui a vécu entre l’Ethiopie et le Kenya, l’Afrique est un vivier d’artisans de qualité qui lui rappelle la Florence de son enfance, investie elle-aussi à l’époque par le savoir-faire des artisans. Un savoir-faire traditionnel qui a disparu chez les Occidentaux et qui perdure en Afrique ou à Haïti. Et Simone Cipriani de rappeler qu’en Ethiopie et au Kenya, les artisans travaillent le cuir avec beaucoup d’habileté, qu’au Mali on trouve beaucoup de matériaux de qualité et que le Nigéria n’est pas en reste en terme de talents créatifs.
Fashion week de Milan : l’Ethical Fashion Initiative confirme sa présence.
L’Ethical Fashion Initiative continue de s’imposer et réitère son succès avec la Fashion Week à Milan en septembre 2015. Cette fois, 4 stylistes africains ont participé au programme de l’EFI pour la présentation du défilé de prêt-à-porter féminin. La Sud-Africaine Sindiso Khumalo, l’Américano-Ghanéenne Mimi Plange, le Sud-Africain Laduma Ngxokolo et la Sénégalaise Sophie Zinga, élevée à New-York ont également exposé leurs modèles dans les vitrines de la mythique boutique Biffi à Milan. Leurs vêtements s’inspirent de leurs pays d’origine, tant dans les motifs que dans les broderies. Grâce à l’EFI, ces designers découvrent les trésors de leurs pays, des produits empreints de leur culture.
L’EFI gagne en influence
Les arguments de l’EFI n’ont pas laissé de marbre les créateurs de renom. Viviane Westwood ou Stella Mc Cartney ont frappé à sa porte pour acquérir tissus, bijoux et broderies authentiques. De la même manière, des célébrités comme Michelle Obama, Rihanna ou Serena Williams ont mis les vêtements de Mimi Plange à l’honneur en les portant en public.
Du côté des artisans, la situation s’améliore. Une récente enquête au Kenya révèle que 84% d’entre eux ont pu nourrir leur famille décemment, tandis que 100% des femmes impliquées dans le projet assurent avoir gagné le respect des hommes en rapportant de l’argent.