Max | Hypermnésie, monomanie et crotte de chien

Publié le 08 octobre 2015 par Aragon

 Ça se soigne assez bien, faut du temps... Du temps et de l'envie. Je vis avec mes délires. Cette fois, c'est parti de Lou il y a quelques jours. Lou ici, Lou là-bas, Lou en couv de Télérama, dans celle des Inrock, Lou partout, Lou jusqu'à l'écoeurement, Lou jusqu'à plus soif... J'ai écouté Lou, je me suis barbé, désolé mon p'tit Lou.

Tiens, y'a pas photo je préfère La Morissette. Le jus, la zik qui t'électrise, des paroles "sensées", la vibration relationnelle, son envie du public, plein de choses sont là chez la tite-grande québécoise qui sera plus célèbre que La Céline un jour prochain. Talent à l'état pur. Chez Lou, par contre, c'est flou. Lou aurait dû rester égérie-mannequin...

Mais Lou a un chien qui s'appelle "Gustave", un gros bouledogue anglais qui fait des "kilos de caca", comme elle dit, dans les rues de Paris (trop chiiic). En lisant cette "news" je me suis barré en voyage hypermnésique-monomaniaque. J'ai pensé à Maximilien de Robespierre qui avait aussi un clebs qui s'appelait "Brount" mais c'est bizarre car personne n'est d'accord pour se décider entre Terre-neuve ou Dogue allemand, je pencherai perso pour Dogue. Ça lui colle, pouvait pas avoir un York ou un Caniche, ou un chien de sauvetage en mer notre terreur. De chien en chien je me suis souvenu de "Blondi" la chienne d'Hitler, l'homme aux flatulences pathologiques, redoutables, inimaginables, y'avait qu'un pas de son pantalon à la "blitzkrieg", à la nuit, au brouillard...

Me suis souvenu aussi de "Baltique" celle de Mitterrand, rien à voir avec le maître précédent même à un degré absolument pas comparable bien entendu, les feues conscience & mains mitterrandiennes étant cependant rougies du sang des corps étêtés qu'il fit passer sous le baiser-couperet abominablement sanglant de "la Veuve", ça fait déjà des paquets de kilos de crottes de chien et c'est pas fini ; "Sunny" est celle de Barak O. Président prix Nobel quasi tolstoïen de Guerre et Paix, pilote émérite de drones tueurs et fournisseurs exclusif des combis-orange guantanamesques,  ma fille a une "Dina" adorable c'est vrai, mélange subtil et joyeusement vivace de Dogue argentin et de Labrador, je ne dirai pas à ma fille que ce "prénom" de chien m'a fait flipper dès le début, j'ai trop pensé à la fameuse DINA (Dirección de inteligencia nacional), police politique du temps de la dictature de Pinochet responsable d'exactions innombrables et innommables... Il y avait un centre de détention à Santiago, un centre "spécial" pour femmes que l'on appelait "Venda Sexy" car dès l'entrée la prisonnière avait les yeux bandés et elle subissait obligatoirement tortures et sévices sexuels. À Venda Sexy il y avait "Volodia" qui régnait en maître parmi les hommes-monstres, c'était leur chouchou, la mascotte, c'était un chien spécialement dressé pour violer les femmes...

Bon, j'arrête-là mon délire hypermnésique et monomaniaque... je pense, un peu ému à cet, ces, hommes d'Air France qui se sont fait dépouiller de leurs chemises. Absurde violence bien sûr. Mais... Temps absurdes aussi où les gens sont dépouillés de leurs emplois. Sont réduits à survivre de subsides, font la manche en vain à Pôle Emploi qui ne sait où colmater, écoper... Où les vrais dirigeants du monde ressemblent "pour de vrai" à Jeremy Irons dans Margin Call. C'est ça le monde et moi aussi j'ai envie de lui arracher sa chemise...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Margin_Call

Du monde actuel, ses autels totalement cyniques voués au dieu "Mammon", je retombe au fil de mon voyage hypermnésique monomachinchose à un courrier qui me trouble, un courrier que j'avais depuis longtemps sur mon bureau, copie qui me suit, sur laquelle je ne laisse pas la poussière - maîtresse des lieux dans mon bureau - s'installer, lettre régulièrement essuyée avec mon "swiffer" magique, c'est une lettre oui, une lettre de "poilu", ce sont des mots, de simples mots de conscience vive... qui donnent envers et contre tous (les cyniques, les méprisables et les cons) et tout, envie de vivre...

Je partage pour toujours ce courrier avec vous chers amis connus ou inconnus...

Le 30 mai 1917

Léonie chérie,


J’ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu’elle t’arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd’hui témoigner de l’horreur de cette guerre.

 Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd’hui, les rives de l’Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n’est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c’est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s’écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l’odeur est pestilentielle. 
Tout manque : l’eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n’avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer.
Nous partons au combat l’épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d’un casque en tôle d’acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l’attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d’un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d’un bras, d’une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie. 
Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j’avançais les sentiments n’existaient plus, la peur, l’amour, plus rien n’avait de sens. Il importait juste d’aller de l’avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d’accès boisées, étaient rudes. Perdu dans le brouillard, le fusil à l’épaule j’errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s’étendait à mes pieds. J’ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s’emparant de moi.
 Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l’état major. Tous les combattants désespèrent de l’existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes. La semaine dernière, le régiment entier n’a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre. 
Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J’ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l’exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d’obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d’aider les combattants à retrouver le goût de l’obéissance, je ne crois pas qu’ils y parviendront. 
Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d’une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l’histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l’aube, agenouillé devant le peloton d’exécution. Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t’infliger. 
C’est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd’hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cœur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. 
Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l’exemple est réhabilitée, mais je n’y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre. 
Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier.
 Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cœur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la fin.



Eugène ton mari qui t’aime tant