Phénomène Onfray

Publié le 07 octobre 2015 par Christophefaurie
France Culture s'interroge sur le "phénomène Onfray". Du mystère de la popularité. Il y a quelques années je l'entendais disserter des Grecs. J'en ai retenu qu'à côté de la pensée officielle, puritaine et sinistre, qui fait de l'être humain un coupable de naissance, il y avait une pensée du bonheur et de l'épanouissement de l'homme. Puis il a progressé dans son travail d'analyse, jusqu'à notre temps. Ce qu'il y avait de curieux, c'est qu'il parlait moins de la philosophie que de la vie de ses personnages. Vie "pleine de trous", comme on dit dans ma famille. D'où un sentiment très agréable. Non seulement il ne semble pas extrêmement bien maîtriser son sujet, mais il tourne en ridicule les plus grands penseurs de notre temps. Du coup, je me sens extrêmement intelligent. 
Marcel Gauchet disait qu'il s'agissait d'une résurgence de la philosophie de droite, tuée par la collaboration. J'ai entendu aussi un journaliste de "l'Obs" se demander si être "contre", c'est une pensée. 
Je me demande si, avec toutes ses maladresses, Michel Onfray ne fait pas quelque chose de bien plus radical. Il montre que la pensée dominante, celle de Platon, Kant, Hegel, Marx, Sartre et les autres, est une pensée totalitaire de l'absolu qui a pour seul objet d'être un opium du peuple. Etre contre peut alors être un programme. C'est celui d'un autre mouvement de pensée, des Socrate, Bergson, Camus, Arendt et autres. Ils ne nous disent pas ce que nous devons faire. Mais qu'il n'y a pas d'idée absolue, à laquelle l'homme doit être asservi. C'est une pensée de liberté. Liberté, qui est penser par soi-même. C'est aussi le programme des Lumières, et de la 3ème République. 
Michel Onfray fait tomber de son piédestal l'intellectuel. L'intellectuel est nu, dit-il. Il lui retire son droit de penser à notre place. Et il montre, par l'exemple, que penser n'a rien de compliqué. Nous pouvons tous être des philosophes. Mais Michel Onfray n'est que l'hirondelle du printemps. Il n'est pas la cause d'un mouvement. Il n'est que la résultante de la faillite de la pensée dominante.