Souvenez-vous, c'était mi-septembre, Najat Vallaud Belkacem faisait (encore) frémir de colère les syndicats de profs de lettres avec l'histoire de la dictée rendue obligatoire quotidiennement au primaire.
Bon, à part le fait qu'en effet, est-ce à la ministre d'imposer les contenus et l'emploi du temps des instituteurs, je gardais un souvenir désolé de mes élèves de collège en échec à cause de leur niveau de français, et je m'insurgeais donc contre cette énième réforme.
A l'époque (il y a 15 ans), quand j'ai commencé à enseigner, on dictait des textes, plutôt classiques, d'une trentaine de lignes. Si ma moyenne, en tant qu'élève, faisait des bonds prodigieux grâce aux 20 qui se succédaient en français, je me souviens que beaucoup voyaient cette même moyenne générale prendre de sacrées claques à cause des zéros qui s'additionnaient.
Je détestais cet exercice en tant que prof de lettres, si mal à l'aise de remettre les copies.
Et puis, grâce à Madame la Ministre, et à une classe de prépa concours très faible, j'ai repensé ma façon d'appréhender la dictée, prenant exemple justement, sur ce qu'Octave fait en classe.
Petit à petit, grâce à des textes très courts (5 lignes), dont les points forts sont en lien avec une leçon révisée (le présent de l'indicatif des verbes du premier et second groupe cette semaine) et dont je dicte les mots difficiles qui seront à apprendre sur plusieurs jours. Je rétablis ainsi l'exercice de la dictée, tentant de les réconcilier et les remettre en confiance avec leurs copies d'ordinaire tragiquement parsemées de rouge. Accessoirement cet exercice, pourtant anodin, leur permet d'apprendre à se relire, prendre le réflexe de vérifier les accords, les terminaisons etc.
5 lignes, une leçon révisée, des mots moins courants mémorisés et pourtant, il y a eu des zéros. J'ai pris les copies, souligné les fautes, remis les feuilles pour relecture durant 3 jours, et recommencé le même exercice avec des fautes encore pour la plupart. C'était niveau CM1.
Je suis un peu consternée je dois dire. Ils ne sont pas des cas isolés, les fautes sont devenues si courantes, elles parsèment les réseaux sociaux, sous-titrages... Quel que soit le niveau d'études, la maitrise de l'orthographe est périlleuse...
S'il y a bien une surprise que je n'attendais pas, c'est que cette classe m'a rendu le goût de l'enseignement, de l'accompagnement et l'envie de chercher des méthodes pédagogiques toujours plus personnalisées en fonction de leurs besoins.