Le week-end dernier, je participais avec Sapotille au challenge littéraire « Le temps d’une très grand week-end ». Nous avions plusieurs consignes à choisir, et l’une d’entre elles était Un livre avec un couverture qui contient du bleu. Mon choix s’est porté sur Léon l’Africain, un roman qui me faisait très envie. Cela faisait un petit moment que je n’avais pas lu de roman hostorique, et ça commençait à me manquer. Bref le livre tombait à point nommé.
Synopsis
Cette autobiographie imaginaire part d’une histoire vraie. En 1518, un ambassadeur maghrébin, recevant d’un pèlerinage à la Mecque, est capturé par des pirates siciliens, qui l’offrent en cadeau à Léon X, le grand pape de la Renaissance. Ce voyageur s’appelait Hassan al-Wazzan. Il devient le géographe Jean-Léon de Médicis, dit Léon l’Africain. Sa vie, faite de passions, de dangers et d’honneurs, et que ponctuent les grands événements de son temps, est fascinante : il se trouvait à Grenade pendant la Reconquista, d’où, avec sa famille, il a dû fuir l’Inquisition, en Égypte lors de sa prise par les Ottomans, en Afrique noire à l’apogée de l’empire de l’Askia Mohamed Touré, enfin à Rome aux plus belles heures de la Renaissance, ainsi qu’au moment du sac de la ville par les soldats de Charles Quint. Homme d’Orient et d’Occident, homme d’Afrique et d’Europe, on pouvait difficilement trouver dans l’histoire personnage dont la vie corresponde davantage à l’époque étonnante que fut le XVIe siècle.
Mon avis
J’ai trouvé ce roman magnifique !
Léon l’africain est construit telle une autobiographie. Jean Léon de Médicis, un maure musulman né à Grenade va raconter sa vie à son fils. Et quelle vie !!
L’histoire débute à la toute fin du XVème siècle, une époque où le Bassin Méditerranéen connaîtra bien des chamboulements. Et c’est donc à travers le personnage de Léon l’Africain qu’Amin Maalouf va nous les faire découvrir ou redécouvrir.
Depuis la fin de la Reconquista à Grenade, obligeant Hassan Al Wazzan (qui deviendra plus tard Jean Léon) et sa famille à fuir vers le Maroc, jusqu’au Sac de Rome en 1527 commandité par Charles Quint, en passant par La conquête du Caire par les ottomans, et le massacre des habitants s’y opposant, c’est tout un pan de l’Histoire Méditerranéenne, et de ses principaux acteurs que nous narre l’auteur. Chaque page nous mène vers de noveaux faits historiques qui auront forgé le visage de cette Région du Monde, mais aussi de celles alentour. Chaque événement faisant conséquence au précédent. Et autant dire que l’époque connaît beaucoup d’événements. Nous sommes entre le Moyen-Âge et la Renaissance, chaque Religion tente de prendre le pouvoir sur les autres, et les Guerres de Religion sont sur le point d’éclater. A n’en pas douter, ce roman est historiquement très riche.
Mais Léon l’Africain est un personnage dont la propre histoire tient elle-même de l’épopée. Hassan Al Wazzan, qui deviendra négociant, homme de lettres sous l’égide du Pape Léon X, ambassadeur, mais aussi époux et amant de nombreuses femmes, est un homme tout à fait singulier. Ses origines maures, ses voyages, son savoir partagé entre sa culture musulmane et ses connaissances reçues en Italie en font un homme à la fois intelligent, fort, et totalement ancré dans son époque. Une multiculture qui lui permettra d’arpenter les pays, d’observer ses habitants, ses souverains, ses chefs religieux, afin d’en dresser une cartographie précise et sans concession sur cette époque troublée.
S’il y a bien une chose dont je suis sûre, c’est qu’avec Léon l’Africain, le sens du mot Histoire prend toute sa signification. Bien sûr, il y a le côté roman historique, il y a l’histoire de Léon l’africain. Mais la narration n’est pas en reste, car ce livre n’est pas une succession de faits historiques mais bien un récit. A travers la vie de son protagoniste, Amin Maalouf nous raconte une histoire… ou l’Histoire. Avec ou sans majuscule, peu importe. Le livre est écrit le plus souvent au présent, rendant ainsi l’impression que le personnage raconte son histoire au moment des faits. Cela donne l’impression de renforcer leur réalité. Chaque endroit traversé est sujet à une description que j’ai trouvée bien souvent très poétique. Et même lorsque les événements cruels sont racontés, la plume de l’auteur ne se fait jamais agressive, sans pour autant enjoliver la chose. Alors, je me suis laissée emportée par ce formidable récit, savourant chaque événement de la petite ou de la grande histoire. A la fin, j’étais presque triste de quitter Léon l’Africain, qui m’a fait découvrir tant de choses cruelles, dures, mais aussi tant de belles choses…