Quelques collègues savonniers et/ou blogueurs m’ont récemment fait comprendre que parfois je commettais de petites erreurs dans mon enthousiasme à communiquer sur nos chers savons à froid. Que dans mon envie de rendre les savons surgras à froid encore plus sexy demain, je perpétrais de foutues erreurs sémantiques ou techniques qui pouvaient se répandre dans les blogs et même au travers de certaines chroniques TV sur le sujet, causant trouble et confusion dans les esprits en créant une fausse mythologie autour du savon à froid tel un diable de Tasmanie barbu !
May the lord have mercy on my soul because i’m guilty… Mea culpa quoi, les gars !
Bon, je fais allemande honorable comme on dit chez volkswagen et m’en vais tenter de réparer quelques boulettes savonnesques :
1 – Le savon saponifié à froid !!!!!
Bullshit ! Comment ai-je pu ? Oh mon dieu ! J’en ai froid dans le dos… Comment ai-je pu dire que l’on a saponifié du savon alors que le savon est déjà saponifié et que l’on peut saponifier des corps gras oui et que oui, ça créer du savon, mais d’écrire qu’on va saponifier du savon et pas des corps gras est un gros raccourci.
La phrase exacte et vous l’aurez compris est : Savon à Froid issu du procédé de Saponification à Froid (SAF).
Erreur sémantique N°1 : On saponifie des corps gras, pas du savon, mea culpa number one.
Etre savonnier à froid implique de grandes responsabilités, comme ne pas dire de conneries par exemple !
2 – Pas de Sodium Tallowate dans les savons à froid !!!!!
Je crois que là, je viens de perdre le dernier lecteur… Mais je suis obligé d’être le plus précis possible pour bien me faire comprendre.
Le Sodium Tallowate, c’est de la graisse animale transformée en savon et bien sûr que l’on peut faire des savons à froid avec de la graisse animale, comme de la graisse de canard par exemple et cela fait même d’excellents savons. Oui, on peut mettre à peu près de tout dans un savon à froid si ça nous chante et dès lors que l’on se sent l’âme d’un artiste, de la mayonnaise, des tagliatelles ou des « smarties ». Mais dans la réalité, bien peu de savonniers à froid utilisent des ingrédients d’origine animale à part des laits, de la cire d’abeille ou du miel. Quand je mets en avant le Sodium Tallowate dans cet article : QUELQUES CONSEILS POUR RECONNAÎTRE UN SAVON À FROID (SAF), c’est pour mettre l’accent sur la graisse animale qui sert de premier ingrédient aux savons tels que Mont St Michel ou Donge par exemple et cette graisse là les petits amis, c’est pas du tout une graisse noble comme le gras de votre confit de canard, non Madame, c’est plutôt des restes d’équarrissage d’abattoirs qui sont utilisés parce que ce sont les corps gras les moins chers à saponifier !
3 – Seul procédé qui permet de respecter les ingrédients !!!!!
Je reconnais qu’il existe une véritable confusion sur ce point due au terme à froid et au fait que les huiles ne sont pas chauffées, ou très peu dans le cas des beurres pour les amener à l’état liquide. Dire que les huiles utilisées pour réaliser un savon à froid conservent toutes leurs propriétés ou qualités une fois transformées en savon est en effet une allégation un peu bancale et sujette à controverse.
Pour ma part j’ai longtemps utilisé cette phrase :
« Vous garantissant ainsi l’intact préservation des qualités et des propriétés des ingrédients (huiles essentielles, huiles 100% végétales, beurres…) «
Phrase que je retire peu à peu de ma communication et voici pourquoi : cette phrase laisse à penser que les huiles sont restées intactes, hors, elles se sont transformées en savon, savon qui lui, ne peut pas avoir les mêmes propriétés que les huiles qui ont servi à sa fabrication. Mais, il y a le surgras (huiles et beurres non transformés en savon) et les pourcentages d’insaponifiables (portions d’huiles non transformables en savon). Et c’est ce sugras et ces pourcentages complexes d’insaponifiables qui conservent des propriétés et des qualités selon les formules choisies par les savonniers, qualités que n’auront pas les savons industriels.
Voilà, ce sera mon dernier mea culpa de la journée…
Alors oui, j’ai eu dit parfois des conneries, oui certains chroniqueurs TV font parfois quelques raccourcis, oui quelques blogs donnent des definitions un peu bancales des savons à froid, mais franchement, dès lors que la démonstration est bienveillante ou va dans le sens de mon combat, je ne vais pas monter au créneau pour reprendre les discours des défenseurs des savons à froid, défenseurs dont la vocation n’est pas de connaitre le savon à froid sur le bout de leurs doigts mais de donner à d’autres l’envie de se laver avec.
Le savon sexy demain !
Force est de constater que le savon a la grosse cote en ce moment ! Je me souviens de sa piètre réputation il n’y a ne serais-ce que 5 ans en arrière et c’est une des raisons pour laquelle dans certains cas, pour faire connaitre le magnifique procédé de fabrication qu’est la saponification à froid, j’ai parfois un peu forcé le trait et que j’ai mis des atours sexy à nos savons (voir photo). Aujourd’hui, le savon solide, sous toutes ses formes est une star de la salle de bain. Des marques qui s’en foutaient royalement se mettent à vouloir absolument un savon dans leur gamme et pour d’autre, tenter de révolutionner la forme du savon ou ne jurer que par le savon à froid alors qu’il était voué aux gémonies il n’y a pas si longtemps. C’est vraiment bon signe.
Il en a fait du chemin notre 100 gramme de douceur et c’est tant mieux !