D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds – Jón Kalman Stefánsson

Par Moglug @Moglug

Colère ! Déception ! Frustration ! Les semaines passent et mon sentiment sur ce livre n’évolue pas beaucoup… J’en deviens à peine un peu plus blasée chaque jour. J’avais adoré la trilogie de l’auteur Entre terre et ciel, La tristesse des anges et Le cœur de l’homme, et j’attendais avec impatience la publication de ce nouvel opus ; d’autant plus lorsque je me suis saisie du rendez-vous islandais de Sandrine comme prétexte imparable pour en faire l’acquisition. De nombreux libraires ont fait le choix de le mettre en avant sur leurs tables ou dans leurs vitrines, la blogosphère n’a pas non plus été en reste pour encensé le dernier Stefánsson. J’en suis d’autant plus énervée !

D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds – certains sont mêmes allés jusqu’à qualifier ce titre ridicule de poétique – entrecroise trois générations des habitants du village de pêcheurs islandais de Kefkavik : les ancêtres du narrateur vivant au début du XXème siècle à l’époque de la seconde guerre mondiale, l’enfance du narrateur sous occupation américaine et sa vie actuelle. Soit un tiers sublime : j’ai retrouvé dans les récits des pêcheurs d’antan la magie d’Entre terre et ciel ; un tiers traînant en longueur : l’enfance du narrateur servant de prétexte à l’écrivain pour replacer ces énièmes magnifiques phrases philosophiques au goût de déjà trop vu ; un dernier tiers carrément mauvais : l’époque contemporaine avec des tentatives érotiques caricaturales et salaces – après la finesse littéraire d’Anaïs Nin en la matière, il aurait été prodigieux qu’un quelconque écrit du genre m’impressionne. De cet ensemble déséquilibré, il me reste une farouche impression que l’auteur s’est reposé sur ses acquis, et que l’éditeur était trop pressé de publier un best-seller. Bref, j’ai terminé le livre par une lecture en diagonale, perdant le fil de l’histoire d’Ari et du pourquoi du roman. A trop espérer, on en devient aigrie – et peut-être un peu de mauvaise foi. Cela dit, il faudra argumenter longtemps et précisément avant que je ne choisisse d’ouvrir à nouveau un livre de Jón Kalman Stefánsson !


D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds Jón Kalman Stefánsson, traduit par Eric Boury
Gallimard, 2015, 443 p.
Première publication en islandais : 2013


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