1. Gardez l'espérance
L'espérance, c'est ce que la foi m'a toujours procuré. Elle me vient de Dieu et m'a toujours accompagné. Chaque jour, chaque heure, la prière au plus profond de moi m'animait. Elle est un soutien qui permet de tenir en vue d'un avenir dans lequel on veut croire, quand on n'est plus sûr qu'il adviendra.
2. Organisez-vous
Résister ne se fait pas n'importe comment. Cela passe obligatoirement par une organisation que l'on met en place : quand j'étais dans le camp de concentration, c'était des processus de survie ; à mon retour, une ligne de conduite à laquelle j'ai adhéré toute ma vie. Organiser sa vie autour de principes donne une assise à nos actes, cela leur donne du sens. Je me souviens avec douleur de certains prisonniers, à notre arrivée dans le camp, qui troquaient parfois leur pain contre des cigarettes. Ils avaient perdu espoir de rentrer et, ne faisant plus attention à eux-mêmes malgré nos avertissements, ils oubliaient de s'organiser pour survivre.
3. Engagez-vous !
Je ne conçois pas que l'on puisse mener une vie sans s'engager. L'engagement est une manière de résister. Ensuite, il faut bien choisir la voie que l'on veut emprunter. Dans l'engagement, ce sont les choix qui sont difficiles, et il faut accepter ensuite leurs conséquences. M'engager en résistance voulait dire que je pouvais en mourir. Survivre aux camps m'appelait à en témoigner.
4. Prenez des risques mesurés
Une fois dans le camp de concentration, j'ai très vite appris à mesurer chaque risque que je prenais. Est-ce que tel acte m'aiderait à vivre plus longtemps ou est-ce que cela me rapprochait du danger ? Le plus grand risque que j'ai pris a été d'accepter de garder les colis de prisonniers protestants hollandais d'un autre baraquement que le mien, la nuit. En échange, ils me donnaient leur ration de pain. Mais si j'étais découvert, la sentence pour être sorti de mon lit aurait été 100 coups de Schlag qui m'auraient été fatal.
Pierre Rolinet
(La Vie)