Après Le Labyrinthe, sorti en 2014, et qui n’aura pu séduire que des adolescents novices en science-fiction, Wes Ball récidive avec Le Labyrinthe : La terre brûlée. L’intrigue usée jusqu’à la corde rend difficilement hommage à des thèmes que la réalisation formelle, sans aucune audace, ne réussit pas à renouveler. Toutefois, lorsque l’on voit le succès de franchises aussi réactionnaire que Divergente, c’est un moindre mal. Mais nous sommes encore loin de la virtuosité de la saga Hunger Games (que l’on a chroniqué à deux reprises pour L’embrasement et La révolte – Partie 1), elle-même inspirée par la mythique Battle Royale.
Après s’être échappé du Labyrinthe, Thomas (Dylan O’Brien) et son équipe ont été récupérés par Janson (Aidan Gillen que l’on a vu dans Game Of Thrones) et sa mystérieuse organisation. Ce dernier leur promet de les mettre à l’abri mais semble cacher de terribles secrets.
Thomas (Dylan O’Brien)Rien de nouveau sous les étoiles, la science-fiction semble tourner sur elle-même dans l’arène hollywoodienne. Renonçant de plus en plus à en faire des projets adultes et matures, les studios réitèrent les mêmes recettes à l’envie en prenant les jeunes pour de la chaire à dollars. Ne cherchant absolument pas à innover, ils resservent les mêmes problématiques vaguement politiques en prenant soin de les policer au maximum. D’un point de vue purement structurelle, Le Labyrinthe : La terre brûlée reprend la traditionnelle équipe représentant toutes les ethnies sans soucis de réalité. Comme dans les années 80, le chef de file reste tout de même le blanc hétérosexuel et on prend soin de faire mourir le moins représentatif. Ici, dans un film américain, cet honneur revient à Alexander Flores incarnant le pakistanais de service. Nous n’échappons pas non plus à la petite sortie misogyne, lorsque le survivant d’un groupe de femme est le seul homme, ce que note en rigolant un autre groupe. Teresa, la femme du groupe de Thomas, est d’ailleurs représentante d’une minorité comme une autre.
Teresa (Kaya Scodelario), Minho (Ki Hong Lee), Newt (Thomas Brodie-Sangster que l’on a également vu dans Game of Thrones) et Thomas (Dylan O’Brien)De la même manière, le scénario éculé reprend une multinationale malsaine opposée à des résistants entre lesquelles survivent des marginaux et des bandits. Le tout manque cruellement de subtilité. Chacun se devant d’être l’incarnation de ce qu’il représente sans autre forme de procès. Lorsque le film tente de donner de la substance au discours, c’est uniquement pour donner une part d’humanité au méchant. Le seul moment où la situation réclamerait le manichéisme le plus simple est détruit par un sentimentalisme déplacé. Ava Paige (Patricia Clarkson) , la grande vilaine est aussi convaincante que Monsanto en train de nous expliquer qu’ils s’évertuent à nourrir la planète. En réponse, Thomas fait office de Che Guevara en carton, il veut sauver son camarade mais ne semble pas avoir compris les enjeux politiques de sa lutte. Le speech sur les déviations éthiques des firmes pharmaceutique est si faible, comblée par l’omniprésence de l’action que l’on a finalement, à l’issu du film, l’impression qu’aucune visée n’est véritablement à l’œuvre dans Le labyrinthe : La terre brûlée. A part peut-être de servir des héros banaux, ni gravures de mode ni repoussants, auxquels peuvent s’identifier tous les adolescents.
Et si on les laissait là?
Le labyrinthe : la terre brûlée est d’un ennui marqué. On a vraiment l’impression de revivre la même recette avariée. Ils ont même osé, comble de l’originalité, se prémunirent de zombies pour gonfler l’intrigue. Rajoutons à cela l’inanité des dialogues ; dans une ville en ruine, envahi par les sables, Newt (Thomas Brodie-Sangster) s’exclame : « Personne n’a vécu ici depuis longtemps » avec un air très profond ; et l’on peut définitivement se dire que l’on peut fuir les salles et qu’ils auraient bien du y mourir dans leur labyrinthe.
Boeringer Rémy
Pour retrouver la bande-annonce, c’est par ici :