« Le punk est un consumériste crétin et fier de l'être. Le punk est oubli quand il n'y a pas moyen de prendre son pied et, contrairement aux poivrots, vous avez vraiment le choix : en fait, vous êtres jeune. Le punk c'est crever d'ennui à regarder Lancelot Link le samedi à midi sans avoir la moindre idée de ce que vous voyez. Le punk c'est se lever le samedi matin pour se branler sur Isis. Le punk c'est gerber sur les notes de pochette "motherfuckers" écrites par John Sinclair pour Kick Out the Jams et s'en foutre carrément. Le punk c'est avoir dix mille magazines de cul en lambeaux sous votre lit, mais sans tirer la moindre satisfaction de la branlette du moins pas celle du genre qui mène à une lassitude langoureuse si bien que vous n'existez que sur un mince fil prostatique tendu et que vous vous branlez trois, quatre fois par jour, sachant que c'est idiot et inutile et détestant ça à cause de cette culpabilité plus que submergée, mais continuant quand même parce qu'il n'y a rien d'autre à faire à part se cuiter. Le punk, c'est avoir dans les magazines de cul une préférence vers qui vous revenez sans cesse. Le punk, c'est finir par se trouver une copine puis la traiter comme une merde parce que vous êtres trop con, trop bourré et trop égocentrique. Le punk c’est être une fille et baiser avec son mari/copain en regardant la télé par-dessus son épaule pendant qu’il se met à bandouiller.Le punk c’est pas le punk parce qu’il est devenu trop codifié. Le punk c’est être assis seul dans une chambre mal éclairée en souhaitant avoir du valium tandis que passe un disque quelconque et vouloir arracher le rembourrage du fauteuil tout en sentant la futilité de la chose au bout de vos ongles. Le punk c’est de vagues rêves de carnage et de vengeance sanglante quand on a à peine la force d’écraser une mouche comateuse. Le punk c’est des grosses taches de vin sur les sillons de Between the Buttons et de Sister Ray. Le punk c’est l’inutilité. Le punk c’est déchirer des articles comme celui-ci. Le punk c’est n’avoir ni l’énergie ni l’intérêt de les déchirer. Le punk c’est lire cet article mécaniquement parce qu’il n’y a rien d’autre à faire et les mots passent sur vous sans bruit comme des cendres. Le punk c’est balancer le magazine à l’autre bout de la chambre, laisser tomber vos mains sur vos genoux, vous gratter machinalement la bite ou le clito en vous demandant si vous voulez vous branler encore, décider que ça n’en vaut même pas la peine et contempler le vide d’un regard dépourvu d’expression. Le punk c’est penser que peut-être on pourrait aller au ciné ce soir et ne pas avoir l’énergie de se lever et de traverser la pièce pour prendre le journal. Le punk c’est parler aux personnages des vieux feuilletons multidiffusés l’après-midi. Le punk c’est voir des gonzesses dans des pubs télé et croasser : « A poil ! » quand ça fait deux ans que vous n’avez pas tiré un coup. Le punk c'est être à court de bière à 5h30 du matin et prendre trois Chlor-Trimeton pour voir si ça pourra renforcer l'effet de ce qui reste. Le punk c'est se réveiller le matin et n'avoir ni l'énergie ni la motivation de vous lever ni d'allumer depuis votre lit la télé couleur perchée sur la commode de l'autre côté de la chambre. Le punk c'est mettre un disque que vous adorez, vous allonger sur le sofa, vous retourner et essayer de dormir à quatre heures de l'après-midi ou à sept heures du soir rien que parce que vous voulez retrouver cet état de conscience crépusculaire qui est bien meilleur que n'importe quelle dope. Le punk c'est être si feignant que vous voulez que les filles vous branlent ou vous sucent plutôt que de prendre la peine de les baiser. le punk c'est vouloir brouter de la chatte tout en rêvant à un disque que vous désirez acheter. Le punk c'est de la fainéantise à son apogée et fière d'y être. Le punk c'est dire au rock d’aller ce faire foutre. Le punk c'est traiter comme de la merde votre collection de 2 000 albums.Le punk c’est dépassé. Le punk n’est plus qu’un terme adoré des médias. Le punk c’est tout ce que vous faites et qui devrait avoir des conséquences, mais ou qui n’en a pas ou vous vous en foutez. Punk c’est un mot dépourvu de sens que tout le monde en a marre d’employer n’importe comment pour exprimer un état d’esprit et un mode de vie qui sans être très complexes ne peuvent être réduits davantage qu’ils ne l’ont déjà été à une pratique préverbale rudimentaire. Le punk est quelque chose qu’il vaut la peine de détruire à toute allure. Espérons que cet article accéléra le processus… » (Lester Bangs - Fêtes sanglantes & mauvais goût)
« Le punk est un consumériste crétin et fier de l'être. Le punk est oubli quand il n'y a pas moyen de prendre son pied et, contrairement aux poivrots, vous avez vraiment le choix : en fait, vous êtres jeune. Le punk c'est crever d'ennui à regarder Lancelot Link le samedi à midi sans avoir la moindre idée de ce que vous voyez. Le punk c'est se lever le samedi matin pour se branler sur Isis. Le punk c'est gerber sur les notes de pochette "motherfuckers" écrites par John Sinclair pour Kick Out the Jams et s'en foutre carrément. Le punk c'est avoir dix mille magazines de cul en lambeaux sous votre lit, mais sans tirer la moindre satisfaction de la branlette du moins pas celle du genre qui mène à une lassitude langoureuse si bien que vous n'existez que sur un mince fil prostatique tendu et que vous vous branlez trois, quatre fois par jour, sachant que c'est idiot et inutile et détestant ça à cause de cette culpabilité plus que submergée, mais continuant quand même parce qu'il n'y a rien d'autre à faire à part se cuiter. Le punk, c'est avoir dans les magazines de cul une préférence vers qui vous revenez sans cesse. Le punk, c'est finir par se trouver une copine puis la traiter comme une merde parce que vous êtres trop con, trop bourré et trop égocentrique. Le punk c’est être une fille et baiser avec son mari/copain en regardant la télé par-dessus son épaule pendant qu’il se met à bandouiller.Le punk c’est pas le punk parce qu’il est devenu trop codifié. Le punk c’est être assis seul dans une chambre mal éclairée en souhaitant avoir du valium tandis que passe un disque quelconque et vouloir arracher le rembourrage du fauteuil tout en sentant la futilité de la chose au bout de vos ongles. Le punk c’est de vagues rêves de carnage et de vengeance sanglante quand on a à peine la force d’écraser une mouche comateuse. Le punk c’est des grosses taches de vin sur les sillons de Between the Buttons et de Sister Ray. Le punk c’est l’inutilité. Le punk c’est déchirer des articles comme celui-ci. Le punk c’est n’avoir ni l’énergie ni l’intérêt de les déchirer. Le punk c’est lire cet article mécaniquement parce qu’il n’y a rien d’autre à faire et les mots passent sur vous sans bruit comme des cendres. Le punk c’est balancer le magazine à l’autre bout de la chambre, laisser tomber vos mains sur vos genoux, vous gratter machinalement la bite ou le clito en vous demandant si vous voulez vous branler encore, décider que ça n’en vaut même pas la peine et contempler le vide d’un regard dépourvu d’expression. Le punk c’est penser que peut-être on pourrait aller au ciné ce soir et ne pas avoir l’énergie de se lever et de traverser la pièce pour prendre le journal. Le punk c’est parler aux personnages des vieux feuilletons multidiffusés l’après-midi. Le punk c’est voir des gonzesses dans des pubs télé et croasser : « A poil ! » quand ça fait deux ans que vous n’avez pas tiré un coup. Le punk c'est être à court de bière à 5h30 du matin et prendre trois Chlor-Trimeton pour voir si ça pourra renforcer l'effet de ce qui reste. Le punk c'est se réveiller le matin et n'avoir ni l'énergie ni la motivation de vous lever ni d'allumer depuis votre lit la télé couleur perchée sur la commode de l'autre côté de la chambre. Le punk c'est mettre un disque que vous adorez, vous allonger sur le sofa, vous retourner et essayer de dormir à quatre heures de l'après-midi ou à sept heures du soir rien que parce que vous voulez retrouver cet état de conscience crépusculaire qui est bien meilleur que n'importe quelle dope. Le punk c'est être si feignant que vous voulez que les filles vous branlent ou vous sucent plutôt que de prendre la peine de les baiser. le punk c'est vouloir brouter de la chatte tout en rêvant à un disque que vous désirez acheter. Le punk c'est de la fainéantise à son apogée et fière d'y être. Le punk c'est dire au rock d’aller ce faire foutre. Le punk c'est traiter comme de la merde votre collection de 2 000 albums.Le punk c’est dépassé. Le punk n’est plus qu’un terme adoré des médias. Le punk c’est tout ce que vous faites et qui devrait avoir des conséquences, mais ou qui n’en a pas ou vous vous en foutez. Punk c’est un mot dépourvu de sens que tout le monde en a marre d’employer n’importe comment pour exprimer un état d’esprit et un mode de vie qui sans être très complexes ne peuvent être réduits davantage qu’ils ne l’ont déjà été à une pratique préverbale rudimentaire. Le punk est quelque chose qu’il vaut la peine de détruire à toute allure. Espérons que cet article accéléra le processus… » (Lester Bangs - Fêtes sanglantes & mauvais goût)