Le phénomène Akobo poussière

Publié le 06 octobre 2015 par Novelist225

Quand l'humain mime l'animal...

Il se développe depuis peu en Côte-d'Ivoire, un phénomène de danse populaire qui consiste en un mime risible des animaux, et notamment des gallinacées. En quoi est-ce qu'un déhanchement ou une glissade de poulet contribuerait à l'évolution de notre jeunesse ? On me rétorquera que c'est juste pour s'amuser, et moi je rétorquerai que certains amusements se terminent mal !

À ce niveau de notre argumentaire, je ne saurais occulter une réflexion de Virgil Gheorghiu, prêtre orthodoxe et écrivain polonais, auteur notamment de la Vingt-cinquième heure. La réflexion qui nous intéresse fut développée dans son roman L'espionne, dans lequel l'auteur fustige une crise identitaire associée à des réflexes autodestructeurs d'une jeunesse en mal de modèle identificatoire, une jeunesse révoltée et rejetant toutes les normes et valeurs sociales. Le hic, c'est que justement cette jeunesse dépressive s'était érigée ses propres modèles singuliers, et notamment l'imitation des animaux en gesticulations risibles autant qu'effarantes.

Où allons-nous quand l'animal devient pour l'humain, identité et modèle ?

Quel avenir pour des jeunes se pâmant d'admiration devant des gesticulations de gallinacées dont le potentiel de réflexion est quasi nul ?

Quand on imite les glissades d'un volatile dans la poussière, ses déhanchements, alors que nul ne soit surpris de nous voir bousculer violemment les tabous. À la manière du coq qui pourchasse et grimpe la poule à tout bout de champ, les flirts et relations sexuelles pourront se tenir en plein air, sans que cela ne choque et n'émeuve. La goinfrerie et la saleté se mueront en vertus.

Toute jeunesse a besoin de balises et de repères. À défaut de leur en fournir, essayons de limiter les dégâts en guidant leur choix de manière raisonnée et raisonnable.

Étudier le mode de vie des animaux pour mieux comprendre la nature et un salutaire processus d'adaptation diffère grandement d'une attitude incompréhensible visant à les mimer tout bonnement.

Quand l'humain doté de raison dégringole au point de s'identifier à des êtres dépourvus de raison et constitués uniquement de matière, il y a lieu de s'interroger sérieusement sur la marche de la société, sur les catastrophes à moyen et à long terme.

Oui au divertissement, non à l'abêtissement collectif !

Félicité Annick FOUNGBÉ ZIMO, épse DE SOUZA

source image:

http://etat-du-monde-etat-d-etre.net/wp-content/uploads/2015/04/poulet-sans-plumes.jpg