Caché sous des couches de peinture, FYFE, dernier né de l’industrie soul-électro anglaise, a dévoilé, en mars dernier, un intime premier album; Control. Anciennement David Lyre, FYFE expérimente aujourd’hui un nouveau style et nous a transporté, le temps d’une interview, dans son bel univers.
Across The Days : La première chanson de l’album s’appelle « Conversations ». Avec qui tu discutes?
FYFE : Hum, en réalité j’ai ces conversations avec moi-même. La chanson parle d’insomnie en fait. Mais, comme je suis stressé et souvent inquiet, ces conversations, je les ai seul et dans ma tête. Ce n’est pas vraiment logique, ça n’a même aucun sens, mais c’est juste le sentiment que j’ai quand je suis à moitié endormi et que je me laisse aller…
ATD : Tu l’as écrite en pleine nuit?
FYFE : Je l’ai écrite le matin mais c’est bien une chanson à propos de la nuit.
ATD : Pourquoi FYFE au lieu de David Lyre, ton ancien nom de scène?
FYFE : J’aime vraiment travailler sur un projet avec un nom de scène. Je pense que ça me laisse beaucoup de liberté et que ça me permet d’être plus créatif, de faire ce que je veux sans que ça soit directement associé à moi en tant que personne. Mais la raison pour laquelle j’ai changé de nom entre le projet David Lyre et Fyfe est que je voulais changer de direction musicalement; je recherchais un nouveau style musical. Changer de nom m’a beaucoup aidé. Quand j’écrivais, j’avais besoin de transposer mes idées dans un nouvel espace et si j’avais gardé le nom de David Lyre, j’aurais pensé « cette chanson doit sonner comme du David Lyre ! » donc en effectuant ce changement, j’ai enlevé toute cette pression !
FYFE : Ca ne veux rien dire. Fyfe c’est un prénom, comme Paul.
ATD : Tu as changé de nom et tu as également décidé de signer dans un label. Pourquoi ne pas avoir continuer à être ton propre producteur?
FYFE : Je continue à m’auto produire mais ce qui a changé c’est la façon, plus simple, de le faire. Il y a moins d’instruments et de couches musicales dans mes chansons. Avec David Lyre c’était beaucoup plus complexe; mais avec Fyfe, il y a moins de choses qui se passent, c’est moins mouvementé et donc on peut beaucoup plus entendre ma voix. C’est beaucoup plus dynamique.
ATD : Penses-tu qu’on peut parler d’une nouvelle ère dans la pop anglaise ? De plus en plus de chanteurs mettent en avant leur voix, parfois au détriment de la musique …
FYFE : Ouais, on dirait que les gens sont de plus en plus à l’aise avec le chant . Pour moi, les chansons sont importantes mais ce n’est pas juste la voix, c’est plus la chanson au sens propre, c’est à dire sa structure, plutôt qu’un unique beat de batterie ou une ligne de basse. Ces nouvelles chansons sont bien, c’est toujours une forme d’art, mais en ce qui concerne ma musique, je veux que ce soit un tout. C’est peut être aussi le fait que les gens sont en train de retomber amoureux avec des vraies chansons, au détriment d’une production exclusivement basée sur un beat.
ATD : Et les sonorités hip-hop dans tes chansons?
FYFE : J’adore le hip-hop, j’aime expérimenter. Mon premier album était assez spécifique en terme de sonorités, j’avais une direction artistique que je suivais mais je n’étais pas nécessairement limité par une chose ou une autre, d’ou l’idée d’un deuxième album dans lequel je me laisserai peut être plus aller vers des sonorités hip-hop. Mais je n’ai rien décidé encore. Je suis influencé par Kanye West, Dr Dre, Pharrell, ce genre d’artistes mais je ne sais pas si on peut l’entendre.
ATD : Justement, Kanye et sa récente collaboration avec Paul McCartney, on en parle?
FYFE : Personnellement, ce n’est pas ma préférée, mais beaucoup de gens semblent aimer donc c’est ce qui importe ! Mais je pense que c’est assez cool qu’ils aient collaboré ensemble. Je respecte totalement mais je ne suis pas sur que ce soit son meilleur travail. Ce que j’aime à propos de Kanye c’est son trop-plein d’énergie et sur cette chanson, j’ai plus l’impression que c’est une ballade. Tout le monde a ses chansons préférées et ce n’est pas la mienne !
ATD : Toujours à propos de collaboration, tu as récemment travaillé avec Sneazzy de 1995; pourquoi lui en particulier?
FYFE : Il m’a été recommandé par mon label, j’ai écouté et beaucoup aimé. Il a mis quelques couplets sur mes beats et c’était super de bosser avec lui ! C’est un mec très gentil et très normal. Il est cool et c’était cool, on est même allé ensemble au Red Bull Studio à Paris !
ATD : As tu écris « St Tropez » chez nous ? Qu’est ce que tu penses de notre joli pays?
FYFE : Je ne suis jamais allé à St Tropez. Toute la chanson parle d’un paradis inconnu…
ATD : Mais tu chantes « Take me home, it’s not our home here »…
FYFE : C’est exactement ce que dit la chanson ! En Grande Bretagne, les gens ont cette idée bien précise quand ils pensent à St Tropez; ils pensent « la mer, le soleil, les yachts, le luxe », ils ont cette perception de St Tropez comme étant un paradis. Mais la chanson parle d’un couple qui découvre qu’ils se sont trompés. La compagne finit par être serveuse, regarde de loin les bateaux et la mer, et pense « Quel intérêt ? », « Pourquoi nous sommes venus ici ?». C’est ce que dit la chanson. Mais je ne suis jamais allé à St Tropez !
ATD : Toujours à propos de cette chanson, on y retrouve de nombreuses influences comme Woodkid ou même Julian Casablancas…
FYFE : J’aime les deux, mais ce n’était pas intentionnel ! Quand tu fais des choses parfois tu ne peux pas les empêcher de sonner d’une certaine manière. Je mêle différents genres, différents types de musique. Donc je pense qu’on peut entendre différentes choses et cela dépend d’ou l’on vient, qui on a écouté en grandissant, mais c’est chouette d’être comparé à ce genre d’artistes, parce qu’ils sont connus et ils réussissent bien !
ATD : Quelle a été ta plus grande influence, ton fil conducteur pendant l’écriture de l’album?
FYFE : Je pense que l’idée du paradis a été ma plus grande influence, mais aussi l’idée qu’on regarde toujours chez le voisin et que ça nous paraît toujours mieux de l’autre coté de la barrière ! Tu sais que c’est faux mais quand même… C’est ce que j’ai essayé de faire ressentir dans ma musique, l’agression du beat, les cuivres amenant un coté émotionnel et puissant à la fin, ce qu’ils disent c’est « j’ai envie de rentrer a la maison plutôt que de rester ici. » (ndlr – à propos de St Tropez)
ATD : Bon, pourquoi tu as peint un arc-en-ciel sur ton visage?
FYFE : (Rires) J’ai travaillé avec Sophie Derrick, l’artiste qui a fait la pochette d’album. On a fait une pochette avec des tons jaunes, une avec des tons roses et rouges, une autre avec des bleus et des verts, donc on a voulu faire un mélange de tout ça. Mais je ne l’avais jamais vu comme un arc en ciel, mais maintenant que tu le dis…
ATD : Ton album s’appelle Control : c’est une référence à Joy Divison ? Ou un moyen de dire que tout est sous contrôle ?
ATD : La suite pour FYFE ?
FYFE : Partir en tournée, en Grande Bretagne et en Europe, j’ai vraiment hâte. Lors de la dernière tournée, chaque fois que je jouais sur scène, il y avait toujours plus de monde qui se mettait à chanter les paroles car ils connaissaient les chansons, et c’était vraiment agréable. Donc avec cet album, on espère qu’encore plus de monde chantera avec nous ! J’adore voir les fans qui nous accompagnent.
ATD : Tu penses déjà à un nouvel album?
FYFE : Ouais ! C’est en préparation.
ATD : J’ai entendu dire que tu jouais du violon…
FYFE : Haha oui, j’étais assez mauvais. J’en ai joué pendant 15 ans. C’est un instrument assez dur mais c’est comme ça que j’ai commencé la musique, le violon, l’orchestre etc.
ATD : Tu penses qu’un jour tu joueras avec un orchestre?
FYFE : J’adorerais ! Ce serait un rêve, mais ça coûte des milliers et des milliers de livres, parce qu’il y a des centaines de personnes dans un orchestre. À moins que quelqu’un veuille bien le faire gratuitement…