Magazine Côté Femmes

Fugitive

Publié le 06 octobre 2015 par Mentalo @lafillementalo

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On résiste contre l’automne et le vent qui souffle sous la porte, l’humidité qui transperce doucement les murs et enveloppe nos corps.

On résiste comme on peut contre les virus qui font couler les nez et chavirer les estomacs, la nuit, toujours la nuit, quand les bras qui veillent et câlinent sont disponibles.

On résiste tant bien que mal contre les photos de ces désespoirs sur les mers et sur les routes, on fond en larmes bien au chaud près de la cheminée, allez demain ce sera oublié.

On résiste contre les nouvelles qui plombent et les coups du sort, les enveloppes à fenêtre en plastique dans la boîte, toutes ces choses qui nous parasitent.

On s’étonne, on s’exprime, on argumente, on lâche prise, après tout rien n’est grave tant qu’on est tous là, serrés, c’est sans doute ce qu’ils n’ont pas compris, cet amour-là qui nous lie. On lutte contre le temps qui passe trop vite, ces journées, ces heures qui s’enchaînent, on fait durer l’histoire du soir parce que c’est si bon, parce que c’est la dernière, sa tête posée sur mon épaule.

On ne sait plus trop quel jour on est, quand le réveil sonne, trop tôt, toujours trop tôt, tellement noir encore au dehors. On réveille, on habille, on coiffe, on presse un peu, on verse, on renverse, on range, on ferme la porte, on met le chauffage et puis la musique un peu trop fort, un peu trop vraie It’s my life my worries it’s my life my problems, c’est la vie c’est comme ça et ça n’est pas très grave, rien d’insurmontable, son sourire entendu jusque dans ses yeux qui brillent, son petit pied qui marque le rythme dans sa pantoufle rose, sa main toute chaude encore dans la mienne, ce moment de grâce fugitive soudain où tout est parfait même le ciel.

On s’arrête un peu. On est heureux.


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