"...We made these memories for ourselves..."
-McDaid/SheeranJe ne vais que très rarement sur Facebook, Seulement quand j'y suis forcé.
L'amoureuse y traîne toutefois beaucoup.
C'est par elle (le lisant sur Facebook) que j'ai appris qu'un de nos amis chers du 418 avait perdu son père. Comme nous ne pouvions pas nous rendre là-bas pour les cérémonies, j'ai écrit à cet ami mes sympathies senties du moment.
Ce faisant, j'ai croisé sur mon mur Facebook une amie qui publiait un statut déchirant. Bouleversant même. À propos d'elle et de son père. Et le tout semblait suggérer qu'elle s'apprêtait à le débrancher. Elle s'apprêtait à prendre des décisions qui auraient un impact sur l'hospitalisation de son père en tout cas.
Ça m'a chaviré.
Cette fille m'a toujours chaviré de toute façon.
Je suis en secondaire 1 ou 2. Chaque mois, notre école organise une soirée dansante où on y met les hits de l'heure et on danse, on fume, on boit en cachette et on se retrouve entre amis. Les gens de toutes les écoles sont invités pour quelque chose comme 4$. À l'heure des slows, un soir, un ami et moi laissons passez le premier pour arpenter les contours de la piste de danse. À la recherche de partenaires féminins. On remarque un duo une première fois. Au second tour de gymnase, elles nous remarquent aussi. Mon ami et moi choisissons au troisième tour de les inviter à danser, au pire, elles refuseront. Sans se consulter, mon ami invite celle qui m'intéresse le moins et moi j'invite la jolie brunette aux yeux superbement bleus: Pirouline Caron.
Nous danserons deux chansons, le temps de se présenter l'un à l'autre, elle est issue d'une école de filles, le temps de se trouver chacun de son goût et de s'embrasser. Pour elle, comme pour moi, ce sera une première fois, elle me le confessera des années plus tard. Nous serons "chum" et "blonde" sans complètement comprendre ce que c'était ou ce que ça devait faire pendant quelque chose comme un petit mois.
Mon ami, (qui avait aussi fait de son amie à elle, sa blonde) et moi étions allé chez Pirou une seule fois, dans le sous-sol de Ste-Foy. On avait loué un film d'horreur mais je ne me souviens pas qu'on l'ait beaucoup écouté. Nous n'avions peur que de nous-mêmes de toute façon. Je revois Pirou dans une balançoire tournante du sous-sol, Pirou qui tourne sur elle-même et qui, chaque fois qu'elle croise mon regard, me lance des yeux qui veulent à la fois dire : "Qu'es-ce qu'on fait maintenant?" et "Séduis-moi, tout de suite". Je me souviens qu'on s'est surtout embrassé devant ce film d'horreur.
Mais je ne me souviens plus du tout comment on a terminé notre relation. Recrues de l'amour, nous voulions plus que les conversations au téléphone, mais pas trop non plus. Nous nous étions laissés tomber tous les deux le plus naturellement du monde, sans trop de raisons particulières. préférant garder l'un pour l'autre ce premier baiser chéri dans nos mémoires. Nous étions ce moment de premier baiser l'un pour l'autre, et ça, personne au monde ne pourrait jamais nous l'enlever, Et ce moment était maintenant passé. Nous l'avions enfermé dans une boîte à souvenirs et avions perdu la clé de manière plus ou moins délibérée.
Elle était toujours aussi belle.
Elle me lancerait un petit salut tout gentil sur Facebook en 2009, et je lui répondrais, mais sans plus. Elle dans le 418 et moi dans le 514, on ne se reverrait plus.
J'ai beaucoup pensé à elle depuis quelques temps parce qu'elle vit des moments très difficiles.
Ça, c'était son père.
Et c'est ce deuil qu'elle traverse en ce moment.
Le courage demande parfois un peu de vent dans ses voiles.
J'ai soufflé.
Ça semble lui avoir fait du bien.