Chaque semaine, un petit groupe d'addicts en tous genre se retrouve à l'hôpital autour de Clarisse, la psy. Cette dernière veut expérimenter des séances mixtes, où chacun partage ses addictions, différentes de celles des autres. Il y a Damien l'hyperactif sexuel, JC prêtre toxicomane et sosie du Pape François et prêtre toxicomane tout comme la très jeune Mariette, Pablo le sportif effréné, Gunter, accro aux jeux d'argent, Mylène, dépensière irraisonnable, et Elisabeth alcoolique. Au fil des séances se crée entre eux des échanges inattendus, puis des partages de compétences et des associations pour le meilleur et pour le pire.Le roman apparaît tout d'abord comme très cadré, avec les chapitres qui tour à tour nous décrivent les personnages ainsi que Clarisse au travers de sa correspondance. Clarisse, personnage initialement central, qui, malgré sa réserve professionnelle lors des séances, se confie davantage à un médecin qui fait partie de sa vie privée. Apparaissent alors ses failles, ses manques, ses interrogations…. puis plus rien. Elle disparaît, est absente des réunions hebdomadaires, laisse le groupe en roue libre. A cette deuxième moitié du roman, on peut être un peu déçu de ne pas poursuivre la découverte de ce personnage. Mais tant pis, car l'auteure nous réserve ainsi de belles surprises, en sortant des séances calibrées et cloitrées, en faisant voguer cette barque à la dérive, en laissant s'entraider les uns et les autres à leur manière.
Extrait :Et c'est là que ça devient drôle, assez loufoque, assez déjanté. On glisse sur une improbable pente qui, au lieu de les voir se sortir de leurs vices, les fait s'en ajouter de nouveaux, en s'organisant autour du poker frauduleux afin de combler leurs dettes de vices. Une sacrée équipe. Un jeu et des stratégies qu'ils doivent apprendre à maîtriser, tout en y ajoutant quelques stratagèmes illégaux mais soupesés. On peut regretter alors s'il on est pas aficionado, l'importance donnée au vocabulaire spécifique aux parties de poker. Mais globalement, ce roman bien écrit a su créer une ambiance un peu subversive, sans jugement, puis bâtir un récit surprenant et relativement drôle au second degré, bien qu'il brosse une galerie de nos détresses contemporaines, quand les hommes doivent se créer des manques en pleine surabondance.
"Quand la cocaïne est en moi, mon corps est tout brûlant d'une chaleur irrésistiblement douce, une chaleur démoniaque : le feu de l'enfer brûle en moi, et je le prends pour le feu de Dieu. C'est terriblement bon, ô si vous saviez ! Terriblement bon et terriblement démoniaque. Car le péché d'intempérance est un péché mortel. Je viens ici pour redevenir tempérant, pour rentrer dans l'abstinence. Pour aller du faux au vrai, du péché à l'état de grâce, du blasphème à la prière, de l'impureté à la sainteté, du diable à Dieu."
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