Comment ne pas évoquer les incidents survenus ce matin à Air France lors de la réunion du comité central d’entreprise (CCE)… Alors que sa direction, qui ne s’est guère manifestée jusqu’à présent par la qualité de ses compétences en matière de négociation collective et qui tient un discours ultra-libéral proprement ahurissant annonçait tranquillement la suppression de 2900 postes, les locaux ont été envahis par une centaine de salariés opposés au plan proposé. Dans les bousculades qui s’en sont suivies, deux directeurs de ressources humaines se sont vus arracher leur chemise, et ont du fuir sous la pression. Loin du choc des images, que les médias mainstream aux ordres des intérêts que l’on sait vont instrumentaliser à profusion dans les prochains jours pour discréditer le mouvement social, et de ces hommes torse nu dont l’un a du être exfiltré par les services de sécurité en escaladant la clôture, il convient de raison garder et de pas réagir sous le coup de l’ émotion. Tel ne fut pas le cas de Manuel Valls qui, depuis le Japon s’est dit « scandalisé par les violences inacceptables auxquelles se sont livrés des manifestants en marge du CCE d’Air France ». Sans excuser le moins du monde la violence, force m’est de constater que notre premier ministre se montre davantage ému par une chemise déchirée que par ces milliers de vies foutues en l’air par ces licenciements massifs. On aurait aimé qu’ils n’y ait pas deux poids, deux mesures, et qu’il se montre aussi indigné par certaines violences bien plus graves exercées lors de différents conflits sociaux importants, ces dernières années… Mais peut-être, comme la plupart de ses semblables, ignore-t-il pour ne l’avoir jamais vécue la violence non seulement symbolique mais également psychologique et matérielle qu’un licenciement provoque dans la vie d’un individu donné. Et qu’un dirigeant politique de cette envergure se montre plus soucieux de l’état de la chemise de deux cadres que du sort peu enviable de ces milliers de futurs licenciés, voilà qui en dit long sur le niveau de socialisme et de gauchitude de ces gens là. Depuis le début de ce conflit, la direction joue le pourrissement et tente de dresser les salariés les uns contre les autres, essayant de culpabiliser les pilotes qui ont refusé d’être les victimes de ce dumping social de plus en plus insupportable, et de ce chantage à l’emploi exercé sur tous les salariés. La direction récolte donc ce qu’elle a semé, et si les salariés qui refusent ce plan en effet inacceptable en sont à demander la démission du pdg d’Air France, ce n’est pas un hasard… J’espère que des journalistes un peu plus scrupuleux que d’autres auront la présence d’esprit de repérer les véritables enjeux et responsabilités de ce conflit social, s’ils ne sont pas tous vendus à des intérêts qui les dépassent, et s’ils ont encore une déontologie, et une hauteur de vue qui les honorerait, ce à quoi la bollorisation de l’information ne nous prépare guère hélas…