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Yannick Jadot (EE-LV) : «Je trouve pitoyable cette mise en scène séquencée des départs»

Publié le 05 octobre 2015 par Blanchemanche
#EELV #YannickJadot
Par Rachid Laïreche — 

Le député européen d'Europe Ecologie-Les Verts accuse les démissionnaires du parti de vouloir «lancer une petite boutique pour faire plaisir à Hollande».

Yannick Jadot, le 19 mai 2014 à Grenoble.Yannick Jadot, le 19 mai 2014 à Grenoble.Photo Jean-Pierre Clatot. AFPSamedi, dans une annexe de l’Assemblée nationale, François de Rugy, Jean-Vincent Placé et d’autres démissionnaires d’Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) ont officiellement lancé leur parti, Les Ecologistes !, qui revendique son alliance avec le PS au nom d’une «écologie responsable». L’occasion pour Véronique Massonneau, députée, d’annoncer son départ d’EE-LV pour rejoindre la nouvelle bande. Ça commence à faire beaucoup. Du coup, Yannick Jadot est en «colère». Et il n’est pas le seul à se tirer les cheveux chez EE-LV. Le député européen accuse ses anciens camarades de détruire le parti pour des ambitions personnelles. Il s’explique.
Vous êtes remontés contre vos anciens camarades qui viennent de créer Les Ecologistes !
Je trouve pitoyable cette mise en scène séquencée des départs. Elle essaie peut-être de masquer le fait qu’ils sont peu nombreux. En Pays-de-la-Loire, François de Rugy part avec sa compagne et ses assistants ! Ce qui est vraiment minable, c’est d’être prêt à sacrifier les perspectives de réussite des campagnes régionales et la mobilisation pour la COP 21 sur l’autel de leurs ambitions personnelles. C’est tout le travail des écologistes sur les territoires qui est saboté. Jean-Vincent Placé, comme François de Rugy ou Barbara Pompili n’ont jamais fait que de la politique. Ils lancent une petite boutique pour faire plaisir à Hollande car EE-LV ne leur permet plus d’atteindre leurs ambitions ministérielles ? Et franchement, ils construisent quoi ? Comme ils refusent tout rapport de force avec le PS et le gouvernement, ils n’obtiennent rien. Des postes ? Pour quoi faire si vous ne pesez rien. Ils critiquent les alliances alors que dans toutes les régions, le programme et la tête de liste sont écolos. Mais je dois reconnaître que leur objectif est atteint : dans la plupart des médias, on parle de nos divisions au lieu du rassemblement des écologistes que nos listes organisent en régions. Je suis pourtant convaincu que le projet écologiste est la meilleure réponse pour les territoires. C’est pour nous l’échelle de démonstration de la qualité de nos propositions. Rénovation des bâtiments, PME des énergies renouvelables, transports collectifs, agriculture de proximité… Nos solutions créent de l’activité économique locale et des emplois pérennes, protègent la santé et l’environnement, maintiennent les services publics, dynamisent la culture et revitalisent la démocratie. Ce n’est pas rien !
Ces départs se multiplient mais ils ne sont pas nouveaux. Par le passé, Daniel Cohn-Bendit, dont vous êtes proche, ou Noël Mamère se sont, eux aussi, montrés très critiques envers le parti…
Dany et Noël sont partis révulsés par les comportements de ceux qui partent aujourd’hui et qui, à la tête d’EE-LV, ont tué l’esprit et la dynamique d’Europe Ecologie pour en faire une machine à produire des postes, plutôt que de continuer à nous ouvrir sur la société ! Oui EE-LV connaît des difficultés. Mais tous les fondateurs d’Europe Ecologie, que ce soit Dany Cohn-Bendit, Eva Joly, José Bové, Pascal Durand ou moi-même ne nous trompons pas de combat. Parfois critiques sur le mouvement, nous croyons dans la force du projet écologiste. D’ailleurs nous sommes tous investis pour aller soutenir les listes écologistes aux régionales.
Comment EE-LV compte s’organiser et sortir de cette crise ?
Tout d’abord, il faut mettre toute notre énergie dans la campagne et la COP 21. Mobilisation générale ! Je fais comme beaucoup le tour des régions. Ce sera au printemps, lors de notre congrès, le moment de se poser des questions sur notre futur et sur la direction à prendre, pour reconstruire. Mais il ne faut pas se tromper d’échéance. Nous sommes dans les régionales. Il ne faut pas non plus les parasiter avec la présidentielle. Aujourd’hui, nous sommes le seul parti à porter un avenir positif. On propose aux gens de regarder devant, alors que les autres partis nous bombardent de messages de peur, de haine, de repli ou tentent de nous plonger dans des nostalgies régressives, que ce soit la croissance des Trente Glorieuses, l’Etat omnipotent, le nationalisme ou la France blanche et chrétienne. Nous devons redevenir le mouvement de ceux qui tous les jours changent la société, qui prennent en compte les limites de la planète et luttent contre les inégalités. Et c’est là-dessus que nous devons reconstruire le mouvement écologiste.
Vous êtes conscients que l’image de votre parti est brouillonne ? Que les militants et observateurs se perdent…
C’est vrai, et le fait que tous les partis aillent mal n’est pas une excuse. Le bipartisme et les institutions de la VRépublique tuent les énergies vitales de la démocratie dans ce pays et contribuent à la montée de l’abstention et du Front national. Pour nous, c’est l’obsession de la participation gouvernementale et du Parti socialiste, en positif ou en négatif, qui nous intoxique. A l’image de nos campagnes régionales, il faut être sur nos fondamentaux, l’écologie. Sur cette base, welcome à tous ceux qui nous rejoignent et qui veulent construire avec nous. J’ai confiance en la force de nos idées. Nos concitoyens savent qu’il faut changer de modèle de développement. A nous de les rassurer en leur démontrant qu’il y a un chemin. Qu’il est porteur de convivialité et de solidarité. Dans un monde en désordre, nous devons être porteurs d’espoirs.
Des militants de gauche, dont le porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV), Julien Bayou, lancent lundi un «référendum de la gauche» en réponse au référendum du PS. Vous approuvez ?
L’initiative de Bayou est drôle. Elle taquine les socialistes. Mais la question n’est pas bonne. Au lieu de demander «Face à la droite et l’extrême droite, souhaitez-vous que le gouvernement tienne ses engagements et mène une politique de gauche ?» il aurait dû simplement demander que le gouvernement mène un politique écolo.Rachid Laïreche
http://www.liberation.fr/politiques/2015/10/05/yannick-jadot-ee-lv-nous-sommes-le-seul-parti-a-porter-un-avenir-positif_1397602?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter

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