The Shifted, groupe de rock alternatif de la scène niçoise, vient de sortir son premier EP. Les jeunes musiciens à l’emploi du temps très chargé ont heureusement trouvé le temps d’enregistrer une petite pépite énergique et prometteuse, entre deux concerts et deux festivals où ils jouent aux côtés de XY, Adam Bomb ou encore Stoned Jésus . Thirst, enregistré au Studio Phantom à Antibes, reflète leur soif inextinguible de produire un rock de qualité influencé par les influences diverses de ses membres.
Formé en 2013 à Nice, The Shifted est principalement influencé par des groupes tel The Kills ou Guns N‘ Roses. Des premiers, ils tentent de conserver le son un peu crade, direct, saturé et des seconds le son brut parfois teinté de pop. Le groupe est composé de Fanny Gomes au chant, Victor Gauci à la guitare rythmique et au chant, Quentin Tarantino à la batterie. Thomas Siccardi, le guitariste soliste est aujourd’hui remplacé par Loïc Pruvost tandis que Thomas Parigi a pris la place du bassiste originel, Wilko Mercedi.
Women are mean (And that’s why I love them) s’inscrit dans une complainte d’un homme désarçonné, sûrement à la suite d’une rupture amoureuse, et qui, prétend-t-il, ne comprends plus les femmes. Et de cette complainte surgit, surplombant les autres instruments, un jeu de batterie lentement surclassé par les cordes à mesure que le chanteur confesse aimer cette difficulté. S’alliant avec le thème de cette chanson, la voix rocailleuse de la chanteuse couvre souvent celle plus fluide du chanteur. Si le protagoniste de la chanson semble vouloir se vanter de sa virilité, c’est la chanteuse qui prend littéralement le dessus.
Message commence sur un chant en duo, quasiment A Cappella, puis la guitare et la basse se font très nerveuse. En une seule seconde, c’est une rage semblable à Sad but true de Metallica qui nous envahi. Impossible de ne pas se mettre à headbanguer. Le message est simple, dans la veine punk : « On ne veut pas de vos règles, on veut juste vivre nos vies ». Et quel putain de message opportun à entendre. On a juste envie de tout casser après le solo de guitare. C’est ça, l’essence même du rock, d’appeler à se révolter.
Winter’s Love est là comme une caution indispensable. Comment envisager un album lorgnant vers le hard rock sans une ballade ? Chez The Shifted, ils ont une guitare comme arme mais ils ont aussi un cœur. N’oublions pas que tout les grands groupes ont capitalisé sur une ode amoureuse, souvent l’un de leur plus grand tubes. Winter’s Love prend des airs de Stairway to Heaven de Led Zeppelin sur les premières notes. La voix de Fanny Gomes prend une toute autre ampleur, plus nuancée.
Après la trêve, c’est reparti pour un son plus énervé. New York’s Calling. Bruit du micro pour débuter à l’appui, le morceau a tout du garage rock. C’est que le groupe niçois, conscient d’être en début de carrière et dans une petite province du monde, n’hésite pas à clamer que New-York l’appel sur le chemin du succès. Jouer un jour là-bas est tout le mal qu’on peut leur souhaiter. Cela pourrait être autant un voyage initiatique qu’une consécration. C’est bien sur le retour aux sources dont parle New York’s Calling. C’est surtout à la fin des années 70, sur la côte est américaine qu’est naît le garage rock.
Pour clore cet EP décidément bien agencé, Apatheia finit de nous faire voyager à travers les différentes mouvances du rock. On sent ici plutôt l’influence du grunge. Surtout à travers la thématique lié au suicide puis à l’apathie, à l’absence de sentiments. Le morceau semble concentré toutes les préoccupations précédentes, jusqu’ici contenue, pour les laisser éclater dans un morceau à l’énergie folle, remarquablement construit entre solo et ensemble. Sans aucun doute, Apatheia est parfait pour mettre le feu à un concert, le cri du cœur de toute une génération sans avenir.
The thirst est un début très prometteur pour The Shifted. Véritable carte de visite de leurs influence et de leur savoir-faire, Thirst n’a pas réussi à épancher notre soif. Nous en redemandons. N’hésitez pas à suivre le groupe sur sa page facebook. Leur premier cd est disponible chez Hit Import et dans les locaux de l’association culturelle Le Volume que nous vous invitons également à soutenir. Leur activité très importante pour la scène indépendante niçoise est mise à mal par la mairie qui fait traînée l’application de ces promesses pour des locaux décents.
Boeringer Rémy
Le groupe met gracieusement son album en ligne, n’hésitez pas, néanmoins à les soutenir, leur EP étant vendu pour la somme modique de 5 malheureux euros :