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Au revoir Là-haut de Pierre Lemaitre et Christian De Metter aux éditions Rue de Sèvres

Publié le 05 octobre 2015 par 7bd @7BD
Editions Rue de SèvresTitre: Au Revoir Là-Haut
Scénario: Pierre Lemaitre
Dessin : Christian de Metter
Éditeur: Rue de Sèvres
Année: 2015 (Sortie prévue le 07 octobre)
Nombres de pages: 168

Résumé :   Fin de la grande guerre 14-18, Albert Maillard, simple comptable dans la vie, sauve la vie à Edouard Péricourt, fils de bonne famille, lors d'un dernier assaut ordonné par le terrible Lieutenant Henri Pradelle.  Edouard Péricourt sera défiguré à vie, et refusera de retrouver les siens. Albert Maillard s'occupera donc dorénavant de lui. De son coté l’infâme Henri Pradelle organise une terrible escroquerie à la nation...
Edouard, avec son talent de dessin, imaginera lui aussi une arnaque à la nation sur les monuments aux morts. Il fera de Albert maillard son complice. Ces aventures ne laisseront pas nos interprètes indemnes....
Mon Avis : Voila une adaptation d'un roman primé (Au Revoir Là-haut, prix Goncourt 2013) en BD particulièrement bien réussie ! Le mariage du talent de 2 grands noms comme le dessinateur Christian de Metter et l'écrivain, lui même, du roman, Pierre Lemaître, nous rend une alchimie délicieuse à lire et à regarder. La couverture et l'ouvrage : Cette couverture très poétique nous annonce d'ores et déjà le drame, tout en nous laissant un soupçon de fantaisie.
Le ton vert dominant peut nous évoquer de l'espoir, mais la petite touche de rouge vient tâcher l'ensemble pour rappeler le pire...
La calligraphie de titre est originale et s'accorde parfaitement avec le plan d'ensemble. Cette couverture est donc très attirante.
L'ouvrage, en lui-même est beau, épais et raffiné et de bonne confection (comme à l'habitude pour les livres des éditions Rue de Sèvres)

Rue de Sèvres

Planche 11

Le dessin, le style, les couleurs, la mise en scène : Le dessin au trait épais et travaillé va à l'essentiel. Celui parait simple mais chaque vignette est finalement élaborée de façon minutieuse.
Le dessinateur focalise peu sur les détails.  Les arrière-plans sont souvent légers mais largement suffisant, avec des traits effacés... Mais il arrive que certaines vignettes regorgent de détails graphiques comme des descriptions de hall d'entrée, des scènes "citadines" etc...
Chaque personnage a son identité bien marquée par le dessin. On retrouve ainsi un homme parfaitement détestable dans les traits en perfection du lieutenant Pradelle, ou bien un homme au grand cœur à travers les portraits d'Albert Maillard, ou alors l'homme d'affaire usé par les années dans les esquisses de monsieur Péricourt senior.
Chaque case parait être une peinture réalisée au couteau. L'effet graphique est beau, et l'on imagine bien le peintre sur sa toile à chercher le compromis de couleurs adéquates, les jeux d'ombres et lumière et les estompes nécessaires pour mettre en valeur son œuvre.
Les couleurs brutes, un peu passées et paraissant gommées, nous mettent ainsi parfaitement dans l'ambiance d'après-guerre 14-18 ou la reprise d'une vie normal parait particulièrement difficile et ou les profiteurs escrocs font fortune.
J'apprécie particulièrement les scènes nocturnes qui illustrent, selon moi, merveilleusement bien le travail sur les couleurs.
Les mises en scène sont maîtrisées, beaucoup de gros plans, peu d'effet de plongée/contre-plongée, et les perspectives réussies avec les proportions respectées même dans les cas de perspectives à double point de fuite.
Christian de Metter a donc mis en image ce magnifique roman avec maestria et un graphisme recherché et abouti.
Un vrai plaisir visuel.

Rue de Sèvres

Planche 52

Le scénario, le découpage : Le scénario n'est ni plus ni moins celui du roman avec ce climat d'après-guerre où l'on sent que la vie est dure et la misère présente partout.  
Les valeureux combattants rescapés sont laissés pour compte avec leurs détresses psychologiques, de part les horreurs qu'ils ont vécu et/ou qu'ils vivent encore (amputations, défiguration,etc...).
Puis d'un autre coté les escrocs, les profiteurs, les sans-scrupules qui s'enrichissent avec la situation, tentant ainsi les plus honnêtes....
Ce récit est poignant et terriblement révélateur d'un malaise sociétal d'après-guerre...
Le découpage reste, quant à lui, singulier et classique avec tout au plus 5-6 cases par page. Cette méthodologie simpliste est un artefact très efficace pour accentuer la narration du récit.
A noter, par moment, quelques fantaisies de pleine page insistant ainsi sur un songe ou une situation de malaise...
Cette adaptation de best-seller est donc superbement réussie. Elle était attendue au tournant, mais les adeptes du roman ne seront en rien déçus par l’interprétation graphique de Christian de Metter. Le style de cet artiste colle parfaitement à l'histoire passionnante de Pierre Lemaitre. Ciao
Yann
Les auteurs :  Christian De Metter :
Rue de Sèvres
Né en 1968 en région parisienne, Christian De Metter étudie le dessin publicitaire avant de travailler comme dessinateur et maquettiste dans la presse rock. Il publie sa première bande dessinée en 1999, et reçoit six ans plus tard le Prix du public au festival d'Angoulême. Il vit en Seine-Saint-Denis.
Pierre Lemaitre :
Rue de Sèvres

Né à Paris en 1951, Pierre Lemaitre passe toute son enfance en région parisienne. Après des études de psychologie, il s'oriente vers la formation professionnelle des adultes, animant des séminaires d'enseignement de la Littérature pour des bibliothécaires. Il se consacre ensuite à l'écriture, en tant que romancier et scénariste, essentiellement dans le registre policier. En 2013, Au revoir là-haut, roman picaresque qui marque dans son oeuvre un changement majeur, décroche le prix Goncourt. Il vit à Paris

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