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Complicité(s): Madame Biraben, apprenez le sens du mot "vérité"!

Publié le 04 octobre 2015 par Jean-Emmanuel Ducoin
Quand l’animatrice vedette du Grand Journal, Maïtena Biraben, que l’on classait jadis dans les bobos-chics-pseudo-rive-gauche, déclare tout de go que le Front nationaliste de Fifille-la-voilà est «le premier parti de France»...  Ad nauseam. Et maintenant, beaucoup disent tout haut ce que beaucoup pensent… tout haut! Vous croisez, dans le métro parisien, un homme chantant à haute et intelligible voix: «Maréchal, nous voilà», personne ne réagit, vous le sermonnez, il s’étonne de votre étonnement et continue comme si de rien n’était. Vous traversez les Champs-Élysées et vous entendez: «La France aux Français», vous vous retournez, prêt à réagir, et vous voyez un personnage de toute évidence défaillant mentalement hurler: «Toutes des putes!», en vous montrant du doigt des jeunes filles roms sur le trottoir, et vous êtes seul à l’apostropher. Le soir, vous vous installez sur votre canapé, vous mettez Canal Plus et l’animatrice vedette du Grand Journal, Maïtena Biraben, que l’on classait jadis dans les bobos-chics-pseudo-rive-gauche, déclare tout de go que le Front nationaliste de Fifille-la-voilà est «le premier parti de France». Vous vous étranglez dans votre verre de whisky et, à peine avez-vous repris vos esprits, que la présentatrice ajoute: «Les Français se reconnaissent dans le discours de vérité» tenu par le FN. Fin de journée. Bienvenue dans la France ad nauseam. Celle de cet ordre brun qui voudrait s’installer dans votre univers mental. Soumission. Le dernier épisode en date, celui de Canal Plus, s’avère si désolant et scandaleux que nous pourrions presque passer notre chemin – et accessoirement ne plus jamais regarder cette émission et/ou demander la démission de l’impétrante – mais ce serait oublier que la chaîne créée par Rousselet, Lescure, De Greef et les autres vient de tomber dans l’escarcelle de Vincent Bolloré, qu’il y pratique comme partout le ménage par le bas (lisez: le ménage idéologique) et que chacun sait depuis longtemps qu’il prend ses ordres de Nicoléon et prépare le retour du parrain de l’Élysée par tous les moyens, quitte à pratiquer la légitimation des idées les plus «buissonniènes» pour ne pas dire «mariniennes». Bien sûr, vu l’ampleur de la polémique s’abattant sur une émission mythique du PAF, l’intello de Canal Biraben, façon pépète brushingée qui la joue à la cool tout en blondeur et en mélange des genres, a cherché à s’expliquer. «Il était question de la forme, pas du fond», s’est-elle ainsi défendue, estimant avoir fait uniquement allusion au discours «sans langue de bois, cash» des maréchalistes et consorts, et non de leurs idées. Celle-ci a même demandé aux commentateurs qui la sermonnent de se «détendre»… Qu’on nous permette de douter d’une maladresse supposée, sauf à considérer qu’il n’y a rien de grave et de dangereux pour la République d’associer Fifille-la-voilà à la notion même de «vérité». Madame Biraben, ouvrez un dictionnaire! Quand la paresse intellectuelle se conjugue à la soumission de la communication médiatico-politique du moment, y compris la pire qui soit, le procédé vaut définition: complicité avec préméditation.
Tabous. Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron continue de réciter son manuel de «la terre brûlée à usage des socialistes». Il assure que le «libéralisme est de gauche». Mieux, il se «méfie beaucoup des tabous». Nous y voilà! La France ne vit désormais que par les briseurs de tabous, tous transformés en nouvelle élite de la posture transgressive, alors qu’ils ne sont que les petits serviteurs de la droite et son extrême, du libéralisme et des remugles néomaurrassiennes. On veut nous faire croire que ce serait résister au «politiquement correct» que de dire des horreurs, mais ne l’oublions jamais: la pensée zemmourienne n’a pas besoin des mots «race» ou «travail-famille-patrie», elle peut très bien s’exprimer, aussi, en termes de culture. [BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 2 octobre 2015.]

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