Un film de Ivan Calbérac (2009 - France) avec Mathilde Seigner, Bernard Campan, Bertille Chabert, Gregori Derangère, Judith Davis
Touchant.
L'histoire : Léa, douze ans, et son petit frère Max, pratiquent la garde alternée depuis le divorce de leurs parents. Une semaine chez l'un, une semaine chez l'autre. Comme tous les enfants, ils rêvent qu'ils se remettent ensemble et n'apprécient pas du tout les séducteurs et séductrices qui les approchent. Il va pourtant falloir s'y faire, tourner la page, s'inventer une autre forme d'amour familial...
Mon avis : A force de m'énerver après les blockbusters, les demi-dieux, les fusillades et les films où il n'y a pas de filles... je me demande si je ne vais pas me mettre à aimer ce que j'exécrais avant : les tranches de vie, le quotidien, les histoires de gens qui vivent. Ca fait plusieurs fois ces derniers temps que je suis touchée par ce genre de films !
Celui-ci pourtant ce n'était pas gagné. En fait, si j'avais su que le réalisateur était Ivan Calbérac, je l'aurais zappé, ayant gardé un souvenir déplorable d' Irène et de On va s'aimer. Je ne savais pas que c'était de lui. Heureusement. Mathilde Seigner, je l'aime beaucoup, mais elle se complaît (et l'assume) dans des personnages "populaires", agaçants à la longue ; quant à Bernard Campan, il m'exaspère ! Pour ça non plus, ce n'était donc pas trop emballant. Mais en ce moment, on est en train de vider le disque dur de notre graveur, parce qu'on en a ras-le-bol de voir toutes ces vieilleries qui traînent depuis des lustres. Les jeter ? Pas question ! Vous le savez, nous sommes atteints de collectionnite aiguë et TOUT film est à voir !!! Et puis si on l'a enregistré, c'est qu'à l'époque, quelque chose nous a interpellés. J'ai fait confiance à cet instinct, et je n'ai même pas appelé mon amie Okaygougeule pour savoir de quoi il retournait ! La grosse flemme. Et en même temps, admirez un peu ces sauts dans le vide sans filet !
Et quand on tombe sur un film français qui n'a pas fait de bruit, mais qui s'avère sympathique et fort juste dans l'analyse des personnages, ben on est rudement content d'obtenir quelques billes pour défendre le cinéma hexagonal !
C'est donc une petite histoire toute simple et toute banale, celle d'un divorce, épreuve traversée par une infinité de grands et de petits. Les adultes et leurs différences irréconciliables, les enfants qui espèrent toujours, puis le statu quo, un nouveau rythme qui s'installe, et la seconde vitesse que l'on passe, pour un nouveau départ. Le film utilise la petite fille comme narratrice, ce qui apporte une dimension supplémentaire : une infinie tendresse d'abord, au travers de cette préado (très bien interprétée par la jeune Bertille Chabert), partagée entre son amour pour ses parents et ses révoltes d'adulte embryonnaire, son rôle protecteur envers le petit frère et ses premiers émois amoureux. Le personnage fait le lien entre tous, avec une belle fluidité, et une excellente description.
Tout d'ailleurs sonne extrêmement juste, et c'est pour ça que c'est émouvant. Les répliques, les situations, les attitudes, les hésitations, les chagrins, les colères, je n'ai pas trouvé un seul détail qui prête à ricaner.
Mathilde Seigner joue à merveille ces rôles de femmes "normales". On aimerait la voir dans des registres plus dramatiques, ou plus foufous. Mais elle aime ça, incarner la France populaire et on ne va pas le lui reprocher car elle le fait très bien. Elle dit laisser à sa soeur, la "belle" de la famille, les rôles plus borderline, plus star. Elle préfère rester la girl next door, avec sa mine défaite des petits matins difficiles, ses mises en beauté sublimes pour les grandes occasions, et ses coups de gueule franchouillards.
Campan m'a étonnée, lui. D'habitude, il m'énerve tellement que je lui donnerais des baffes. Là, il reste sobre, il ne prend pas ce sourire niais d'abruti de la crèche.
Juste, délicate, bien jouée, ponctuée d'humour, une chronique qui, sans être un chef d'oeuvre, se laisse regarder avec plaisir. Le film a été comparé à LOL, immense succès...j'ai trouvé pour ma part cette Semaine sur deux bien plus sympathique, plus attachante et plus proche de la réalité. Positive et qui ne fait pas la propagande des pétards.
Les critiques soulignent la justesse de ton, mais reprochent la banalité, les clichés... Ouais, ben pas plus que dans LOL. Les spectateurs sont plus indulgents.
A vous de voir...