Avec le temps, on aime de moins en moins, et là, vient la rupture, écrivais-je il y a quelques temps. On est déçu par chaque nouvel album et on réécoute avec mélancolie les premiers jets, les premières chansons. Celles qui sont sorties de nulle part. Celles qu’on n’attendait pas avec impatience, celles qui ne provoquent aucune frustration. Tu vois, les chansons de Tom McRae, les Boy With A Bubblegun, Bloodless, Sao Paulo Rain, elles font parties de mes chansons favorites de tous les temps. Je peux les écouter à l’infini sans jamais, jamais me lasser. C’est différent avec les nouvelles, celles qui arrivent après, celles que j’attends justement avec l’excitation digne d’une gamine avant Noël. Mais à chaque nouvel album, je suis déçue.
Je me disais qu’avec le live, j’allais l’aimer son dernier bébé, Did I Sleep and Miss The Border. J’avais tout faux. J’accroche pas. Et ça m’embête. Ça m’énerve de voir qu’il n’y a plus rien d’attirant dans la musique de cet homme que j’admire depuis tant d’années. Je comprends qu’au fil du temps, un musicien a envie de changer de style. Mais sur ce dernier album, je trouvais qu’il allait dans tous les sens, qu’il n’avait pas trouver d’homogénéité, que les titres étaient faciles, sans âmes. Sur la scène du Trabendo, elles m’ont laissées de marbre. Je les trouve longues, froides et lui, parfois, je le trouve cliché. Notamment quand, dans un moment de folie passagère, il se prend pour un rockeur tenant son micro comme un rappeur (The High Life) et fait des sauts de cabri. Ça. Sonne. Faux. Mais, visiblement il a toujours voulu faire du rock. Il dit même « j’aurais du le faire plus tôt« .
Non. Non. Non.
Le public aussi semble de mon avis et ne vibre que lorsqu’il fait les anciens titres. Les diamants brutes où la voix de Tom s’accompagne d’une guitare et d’un violoncelle. J’entends toute la salle chanter d’une même voix les magnifiques et anciennes End Of The World News, A&B Song, Boy With The Bubblegun (en rappel), ou Ghost of a Shark (en rappel aussi). Won’t Lie aura les faveurs aussi de ce public, tout comme Christmas Eve, 1943, le plus beau titre issu du dernier album de Tom. Par contre je trouve si ridicule le What a Way to Wwin War, chanté par l’Anglais et son Standing Band façon cowboys américains autour d’un duo de guitares sèches…
Il me manquait quelque chose pendant ce concert. Pas de la chaleur, puisqu’on connait la personnalité faussement nonchalante de Tom McRae et ses blagues sur le temps qui passe trop vite. Peut-être de la simplicité. De l’intimité. Pourtant la salle est à taille humaine, elle permet la proximité. Dans l’écrin du Trabendo, peut-être aurait-on tous voulu un peu plus de titres en acoustique. Et pleurer. Oui, moi je crois que c’est ce qu’il m’a manqué. J’avais envie de pleurer et me sentir extrêmement bien après. Je n’ai pas pleuré et en rentrant chez moi, la première chose que j’ai faite c’est m’emmitoufler dans une grosse couette et réécouter les albums Just Like Blood et Tom McRae. Et là, seulement là, dans l’obscurité de ma chambre, dans ce tête-à-tête avec mon Tom adoré, j’ai chialé.
Setlist : The Dogs Never Sleep / We Are The Mark / The High Life / End Of The World News / Expecting The Rain / Christmas Eve, 1943 / A&B Song / Walking 2 Hawaii / Let Me Grow Up With You / Hoping Against Hope / What a Way to win War / Silent Boulevard / RAPPEL : Ghost Of a Shark / The Boy With The Bubblegun
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Texte : Sabine Swann Bouchul