Des chercheurs de l’Université de Fribourg ont décodé le curieux mécanisme moléculaire d’une toxine du poisson, capable de bloquer la division cellulaire, et, entre autres, la division des cellules cancéreuses et la formation des métastases. La recherche, publiée dans la revue Nature Communications, décrypte à l’aide de techniques d’imagerie de pointe, l’ensemble du processus moléculaire, fournissant des preuves solides sur le potentiel prometteur de la toxine, dans le traitement du cancer.
Les entérobactéries de l’espèce Yersinia sont responsables de maladies chez l’Homme, comme la peste bubonique et certaines infections gastro-intestinales. Le Dr Thomas Jank, pharmacologue, et ses collègues de l’Université de Fribourg ont concentré leur recherche sur un des agents de la famille Yersinia, Yersinia ruckeri. Cette bactérie est responsable de la maladie de la bouche rouge chez les salmonidés, une famille de poisson qui comprend le saumon et la truite.
La toxine qui bloque la division cellulaire chez le poisson : L’équipe identifie ici un système d’injection de toxine au niveau du génome de la bactérie. Le système en question s’apparente à celui des virus bactériophages lorsqu’ils attaquent les bactéries. Ici, la toxine Afp18 désactive une protéine, RhoA, responsable de nombreuses fonctions vitales dans les cellules des poissons. En particulier, RhoA régule l’établissement et la décomposition des filaments d’actine nécessaires à la division cellulaire (et également à la propagation des cellules tumorales et à la formation des métastases).
La toxine qui pourrait bloquer la propagation du cancer chez l’Homme : Lorsque les chercheurs injectent la toxine Afp18 dans des embryons de poisson zèbre, leur division cellulaire est bloquée et les embryons de poisson ne peuvent plus se développer. Grâce à une technique d’imagerie par cristallographie les chercheurs décryptent l’ensemble du mécanisme à l’échelle atomique.
Alors que les protéines » Rho » sont bien connues pour être impliquées dans la croissance du cancer, en particulier la formation des métastases, on l’aura compris, cette toxine Afp18 présente un grand potentiel thérapeutique dans le traitement du cancer.
Source: Nature Communications 2015 doi:10.1038/ncomms8807 Tyrosine glycosylation of Rho by Yersinia toxin impairs blastomere cell behaviour in zebrafish embryos