Notre volonté de transparence ne viendra jamais à bout de la réalité des apparences.
Elles sont toujours trompeuses et un peu trop nombreuses.
Il y a peut-être un être derrière ? Ou peut-être rien.
Rien qu'une heureuse ou malheureuse coïncidence
Rien d'assuré, rien de rassurant.
L'imagination nous amuse. Mais nous abuse aussi.
Elle nous joue de sales tours surtout lorsque nous manquons d'amour.
Morano croit que la France est de race blanche.
Elle fait peut-être exprès. Mais elle ne fait pas exprès de faire exprès. Pour elle, la porte est trop étroite. Elle a un mal de chien à dire que la chienne a mal.
Comme l'animal, elle ne distingue pas l'expression de l'impression... elle n'exprime pas ce qu'elle pense, mais ce qu'elle ressent... d'où sa dépression... l'impossibilité pour elle de faire coexister le noir et le blanc... l'étranger et le familier...
Pour elle et pour tous les zélés comme elle, il n'y a pas de projet pour soi, sans rejet de l'autre.
Elle n'a pas choisi d'être blanche, mais elle a choisi d'être franche... d'affirmer çà et là le primat de la race blanche.
Pour tous les racistes, c'est l'évidence : la France est de race blanche.
Depuis quand ? Et jusqu'à quand ? C'est cette deuxième question qui les indispose ou les met en transe : jusqu'à quand ? C'est pour cette raison qu'ils redoutent de barbares invasions... le croisement... des races, des natures et des cultures. L'outrance.
Piqure de rappel : la France est toute blanche... plus blanche que la blancheur, rebelle à toutes les couleurs, elle est sans couleurs, incolore.
C'est la providence qui a dû sceller ainsi son sort de la vie à la mort.
C'est ce qu'on appelle "une croyance", la croyance qui parcourt aujourd'hui la France, pour lui rafraichir la mémoire et laver de tout soupçon son histoire.
Je répète, ce n'est pas une science mais une croyance... une malheureuse conscience qui, pour se supporter, attribue son malheur à un élément étranger.
On ne peut guère s'en débarrasser. Quasiment jamais.
Ce n'est pas une question de race, mais de crasse humaine.
Et il n'y a pas de machine à laver, même chez les plus grands ophtalmologues pour nous ôter la merde qu'on a dans les yeux.
Et pourquoi certains ont de la merde dans les yeux et pas d'autres ?
Parce que les uns s'emmerdent plus que les autres.
Ils ne trouvent rien d'autre à faire que défaire l'autre, l'abandonner ou le subordonner.
Morano s'ennuie. Pour elle, c'est la nuit... tous les chats sont gris.
Mais elle n'est pas la seule. Ménard s'ennuie. Peut-être même que la gauche et la droite réunies sont aussi victimes de l'ennui. Ils ne construisent pas. Ils instruisent un procès, sans cesse recommencé... celui de leur cécité, de leur incapacité d'inventer un nouveau récit.
Oui la France a des traces blanches... parce qu'elle est malade : elle baille la vie et ne supporte plus UN SEUL MOT D'ESPRIT et ses intellectuels actuels ne sont pas beaucoup mieux lotis !