Catalan Boogie Blues

Publié le 02 octobre 2015 par Hunterjones
Au 12ème siècle, les différences politiques, économiques et linguistiques sont si franches entre l'Espagne et la Catalogne que deux administrations subsistent sous le règne de la couronne d'Aragon afin de décentraliser l'administration et distinguer l'Espagne de la Catalogne.
Mais la Catalogne commence son déclin à la mort de Martin 1er d'Aragon, souverain de la maison de Barcelone décédé sans héritier en 1410.
Cette même année commence une guerre de succession entre la maison de Trastamare, le royaume d'Aragon et celui de la Castille. Soutenue par le pape la maison Trastamare obtient le trône et fait des alliances diplomatiques avec les deux autres en 1412. Mais une rébellion orchestrée contre Jean II d'Aragon oblige le don de Roussillon et de la Cerdagne à la France de Louis XI qui les occupera militairement.

En 1640, le centralisateur ministre Olivares veut supprimer les droits et les privilèges des Catalans pour en faire des Espagnols afin qu'ils puissent eux aussi participer à l'effort de guerre. L'idée ne passe pas et la révolte des faucheurs prend place. Les catalans réclament la partition de l'Espagne et l'obtiennent avec l'aide de Louis XIV. Els Segadors (le chant des faucheurs) deviendra leur hymne national. Mais les Catalans sont toujours liés à l'Espagne puisqu'on parle alors "des deux Espagnes".
Charles II, roi des Espagnes, décède à son tour sans descendance en 1700. Commence une nouvelle guerre de succession. Cette guerre donnera naissance à La Maison de Bourbon en Espagne, toujours régnante de nos jours. Quand cette guerre se termine le 11 septembre 1714, Barcelone est prise par les troupes franco-espagnoles (la maison de Bourbon). La Catalogne avait toutefois choisi le camp opposé. Cette défaite fera du 11 septembre la fête nationale de la Catalogne, en 1886.

Mais entretemps, la Catalogne est brisée. Napoléon 1er les annexe à sa France en 1812. Et la divise en 4 départements deux ans plus tard. Mais la Catalogne se sent toujours indépendante de tous. Elle s'industrialise rapidement et au 19ème siècle, proclame une république catalane confédérée à la suite d'une victoire électorale des partis indépendantistes. Ils obtiennent le statut d'autonomie en 1932.

7 ans plus tard, Franco écrase toute les prétentions catalanes et les soumet aux troupes nationalistes d'Espagne pendant la guerre civile. 3 ans après la mort de Franco, en 1978, Josep Tarradellas en exil, revient en Espagne et occupe le poste de chef du pays par intérim. Il est toutefois défait en 1980, année du premier référendum au Québec, par Jordi Pujol, souverainiste Catalan.

Pujol sera chef pendant 23 ans. Il cède sa place à Artur Mas qui sera défait par le socialiste Pasqual Maragali.
Pujol se révélera un escroc fiscal et en 2004, Maragali cède sa place à Artur Mas.
En 2006, on déclare que la Catalogne est une nationalité d'Espagne en droit d'exercer son autogouvernance comme une communauté autonome.
Mais 4 ans plus tard, on réétudie les valeurs légales de tout ça et on ne reconnaît rien de valide.
Plus d'un million de Catalans prennent la rue dès le lendemain, outrés. Artur Mas sera poursuivi en justice pour avoir sondé les Catalans sur l'idée d'une indépendance totale de l'Espagne. Le référendum est rejeté en soi par l'Espagne.

Disposant de 33 domaines socio-politiques autonomes, les catalans sont excessivement fiers de ce qu'ils sont et canalisent leur ferveur nationale dans leur club de soccer le FC Barcelone.
La semaine dernière, on a voté  dans "un référendum de consultation " pour cette indépendance. Comme le vote n'était pas reconnu par l'Espagne, son organisation et son résultat ne le sont pas non plus. Les listes électorales étaient donc inexistantes et les gens votaient sur une base citoyenne volontaire. Les résidents étrangers, tel Daniel Turp et ses papillons au cou (et dans le ventre) pouvaient aussi voter. On pouvait aussi voter à plus d'une reprise.

Le résultat du 80% en faveur de l'indépendance est donc à prendre avec des pincettes.
De plus, seuls les Catalans ont été appelés à voter, les Catalans vivant ailleurs en Espagne n'ont pas été invité le faire et les Espagnols pas du tout.
Un peu comme si les membres du Parti Québécois votaient entre eux sur l'indépendance du Québec.
L'Espagne garde toujours les Catalans en laisse.
Mais ne ramassent pas leurs excréments.
Il n'y a aucun doute on sait les Catalans fiers.
Ils vivent toujours d'espoir.
Mais ce dernier geste public, de la part des organisateurs, était un brin pathétique.
Comme un joueur de soccer faisant semblant de tomber pour influencer l'arbitre...