Au début du mois de septembre, j'ai eu l'opportunité de travailler pour la première fois de ma vie sur une photo de commande. Le projet était alléchant : prendre une photo d'une Kimmidoll (marque de figurines inspirées des kokeshi japonaises), accompagnée d'un petit accessoire de cinéma. Le cliché devait être pour l'affiche de l'édition 2016 du festival de courts-métrages, les "Très Court". Il y avait donc des contraintes techniques de lisibilité et de placement du sujet dans l'image. J'ai donc accepté la proposition avec des gros doutes sur ma capacité à remplir ma part du marché.
Un sacré défi pour la grenouille !
Voilà une approche photo très éloignée de mes bidouilles habituelles où seul mon sens artistique et mon ressenti sur l'instant guident ma main. Me voilà donc partie, motivée, avec quelques kokeshi et une ligne directrice à la fois stricte pour le cadrage, et très souple quant au lieu de mise en scène. Bien évidement, le délai était court et se tamponnait avec un séjour de quelques jours à Nice. La météo, pas en reste, m'a aussi donnée du fil à retordre avec un ciel orageux, toujours voilé, et une température digne d'un sauna.
J'ai eu une une première idée, sympa en théorie, qui s'est avérée riche en complications et problèmes diverses : prendre la kokeshi dans une boutique de bonzaï. Je jetai mon dévolu sur Bonzaï Center, un endroit connu des amateurs par la diversité de ses essences et l'âge vénérable de ses arbres.
Le paradis des arbres... et des trucs qui piquent
Outre le vendeur qui venait m’interrompre très souvent, s’enquérant de ma réussite éventuelle (par bonté d'âme ou juste pour que je foute le camp), j'avais négligé la difficulté de prendre des photos dans un bordel indescriptible.
Oh oui, il y avait de magnifiques arbres à la pelle ! Mais entre ceux impossibles à atteindre (j'ai fait la rencontre d'un cactus très affectueux), ceux contre un mur sans point de fuite trop lourd à déplacer, et le souci général de l'arrière plan tout moche et du manque de place pour circuler, le shooting s'est transformé en un défi étonnant. Un peu comme un parcours du combattant dans un magasin de porcelaine où on risque 1) de péter des trucs qu'on n'a pas envie de payer 2) de se blesser parce qu'on a les capacités physiques d'une moule.
Heureusement, je suis souple.
Contorsionnée dans tous les sens, j'ai tenté en vain de trouver le bon angle. Je suis pourtant une habituée de l'exercice mais je dois rarement éviter cactus (avec un succès mitigé), bonzaï branlants, pots de terre vides remplis d'eau stagnante... Sans compter qu'en fond de cours, je n'avais qu'une demi-heure d'ensoleillement direct.
Un beau bazar
Espace de travail piégé !
Savoir s'avouer vaincue...
Avec la sensation croissante que je n'arrivais à rien, que je risquais de me faire mal ou de casser quelque chose et la crainte d’enquiquiner le vendeur malgré l'autorisation préalablement obtenue, j'ai fini par remballer kokeshi, mini-projecteur, accessoires diverses et Trin (mon super appareil photo), la mort dans l'âme, avec la certitude que rien de rien ne serait utilisable.
Bingo.
Parfois, avoir raison n'apporte aucun réconfort. Pas une seule des photos ne correspondaient aux attentes pour l'affiche du festival. Certaines sont quand même bien mignonnes et j'ai décidé de vous en faire profiter. J'ai aussi servi de casse-croûte aux moustiques (probablement tigres, vu leur absolue discrétion) qui ont joyeusement festoyé sur mes mollets et mes bras (plus d'une trentaine de piqûres).
Voilà donc bien des heureux !
Farniete au pied d'un Ginkgo
Sous un pin, le soleil est déjà passé
Et repartir à l’assaut pour un second round !
Quand à ceux pour qui le suspens devient insoutenable, oui j'ai eu une autre idée après le fiasco de la boutique de bonzaï. Ma frustration et mon égo de grenouille bafoué ont aidé mon cerveau pour trouver un plan B. Je me suis précipitée à la plage pour profiter des derniers rayons du soleil, sachant que je partais le lendemain matin.
No stress. Absolument no stress at all.
Après une heure à me traîner à plat-ventre sur les galets niçois, la pêche aux images s'est révélée fructueuse ! Pour admirer le résultat de mon dur labeur (avec intervention post-prod par Paul, le graphiste) c'est par ici : http://trescourt.com
Au passage, si vous êtes d'humeur créative, les inscriptions pour participer au festival sont ouvertes, avec une unique condition : votre film doit faire moins de trois minutes, hors générique : http://trescourt.com/fr/actus/les-inscriptions-sont-ouvertes
Notez que le projecteur FONCTIONNE !
De l'utilité de l'écorce du chêne liège
Copyright : Marianne Ciaudo