Sortie nationale sur les écrans : 27 janvier 2016
Jacques Perrin : un cinéaste engagé
Jacques Perrin fait des documentaires sur la nature par nécessité idéologique : « s’intéresser à la nature, c’est prendre les armes pour la défendre ». Et son arme, c’est le cinéma. Producteur de Z de Costa-Gavras en 1969, son engagement prend une autre voie avec Microcosmos, long-métrage dont il est le producteur en 1996, qui plonge le spectateur dans le monde minuscule des insectes. Suivront Le Peuple Migrateur (2001) et Océans (2010) dont il co-signe la réalisation.A l’origine de son intérêt pour la nature, un film animalier réalisé par François Bel, Gérard Vienne et Michel Fano en 1970: Le Territoire des autres, résultat de sept ans de prises de vue d’animaux sauvages. Jacques Perrin raconte aussi que le tournage dans la jungle vietnamienne de 317ème section de Schoendoerffer en 1965 fut déterminant dans son amour pour la vie sauvage.
Dans les films de Jacques Perrin, pas de discours moralisateur mais des images qui, sans chercher à montrer la beauté de la petite bête, mènent à une prise de conscience en véhiculant une émotion.
L’objectif des Saisons : montrer l’histoire commune de l’homme et des animaux sauvages
Il n’y aura donc que peu de commentaire dans Les Saisons dont le dessein est de raconter, par l’image et le son, l’Europe sauvage, de l’ère glaciaire jusqu’à nos jours, à travers l’évolution des saisons et des climats. Comme l’explique Jacques Perrin : « C'est une traversée des siècles, considérée du point de vue des animaux: du hérisson qui se trouve sur le passage d'un char romain aux renards et aux cerfs qui réapparaissent aujourd'hui aux abords des villes. On rencontre des animaux d'il y a deux mille ans, d'autres qui ont changé de comportement, par exemple qui étaient autrefois diurnes et qui sont devenus nocturnes pour vivre leur vie sans être dérangés par l'homme.»
Filmer la nature : un tournage et une approche difficiles abordés par une fine équipe
18 mois auront été nécessaires au tournage de ce film qui a voyagé un peu partout en Europe : l’Abbaye de Daoulas en Bretagne, la côte de l’Heute dans le Jura, une forêt primaire en Pologne…
Pour faire face au caractère imprévisible de la nature (les intempéries et les animaux eux-mêmes qui font ce qu’ils veulent), Jacques Perrin et Jacques Cluzaud se sont entourés de techniciens hors pair, capables de s’adapter aux mouvements rapides des animaux. Ces derniers ayant eu pour consigne de ne pas utiliser de téléobjectif et de zoom, il leur a donc fallu faire preuve de grande ingéniosité pour inventer des engins porteurs de caméras. C’est ainsi que la caméra fait de l’accrobranche à grande vitesse pour suivre les bonds de l’écureuil d’arbre en arbre.
Le plus difficile sans doute est de conserver le naturel, de côtoyer les animaux sans modifier leur comportement. Il faut donc s’armer de patience, observer, et ne pas rater le coche. Pour autant, les réalisateurs ont collaboré avec des imprégnateurs dont le métier consiste à suivre des animaux dès leur naissance et à les habituer à l’homme. Ainsi, pendant le tournage d’une séquence dans le Jura, des grues cendrées sont filmées en plein vol dans le sillage d’un ULM. Ces grues cendrées avaient été placées près d’ULM depuis leur naissance pour qu’elles se familiarisent avec le bruit de la machine et avec le pilote. Les imprégnateurs sont présents sur le tournage pour guider les animaux. Ainsi pour faire décoller les grues, les imprégnateurs se mettaient dans des coffres de voiture et les appelaient pour qu’elles les suivent.
Yves Coppens, Jean-Marie Pelt, François Sarano, Allain Bougrain-Dubourg… : de nombreuses conseillers scientifiques ont participé à l’élaboration du film en apportant leur connaissance sur l’évolution historique de la faune.